Nous autres les indésirables
Par Rabah Toubal – La visite officielle que Mme Angela Merkel, la chancelière allemande, devait effectuer en Algérie les 21 et 22 février 2017 a pour objectif principal d’imposer aux autorités algériennes – Mme Merkel a échoué à les convaincre lors de la visite de Sellal à Berlin il y a quelques mois et l’inoubliable chapelinesque scène de son oreillette – son idée majeure d’expulsion vers l’Algérie de milliers d’islamistes algériens qui ont été accueillis en Allemagne dans les années 1990.
A cette époque, au nom de leurs valeurs, plusieurs pays européens avaient ouvert leurs portes aux islamistes du FIS dissous, vainqueur du premier tour des élections législatives du 21 décembre 1991, qui ont été massivement accueillis par ces pays après l’interruption du processus électoral, le 12 janvier 1992, et leur persécution par le pouvoir algérien.
Déjà, en 2006, après les sanglants attentats qui ont secoué Londres le 7 juillet 2005, le gouvernement britannique, dirigé par le travailliste Tony Blair, avait proposé à certains pays arabes (Egypte, Jordanie, Libye, Tunisie, Maroc et Algérie) un projet d’accord pour la «déportation» vers ces pays des islamistes qui en sont originaires et qui vivaient en Grande-Bretagne dans le cadre du droit d’asile qui leur a été accordé par les autorités britanniques.
Parmi les dispositions de cet accord, une clause stipule que les pays d’accueil des activistes islamistes devraient donner des assurances et fournir des garanties fermes que les islamistes extradés bénéficieront de procès justes et ne seront ni torturés ni assassinés et qu’un juge britannique vérifiera leurs conditions de détention et contrôlera le déroulement de leurs procès dans leurs pays d’origine.
Contrairement aux autres pays arabes, l’Algérie avait rejeté cette clause et ce projet d’accord humiliant, et a imposé à la partie britannique, qui est la première responsable de la situation de ces personnes en leur ouvrant grandes ses portes pour faire de la capitale britannique leur bastion (Londonstan), la négociation et la signature d’une convention d’extradition classique.
Mme Merkel, qui ne cache pas sa détermination et son empressement à renvoyer chez eux les quelque 15 000 indésirables islamistes maghrébins et leurs familles – qui ne risquent, selon elle, rien dans leurs pays qu’elle a qualifiés de «sûrs et de respectueux des droits de l’Homme» –, a opté pour la solution d’urgence de l’expulsion avec une indemnisation symbolique pour faciliter leur insertion dans leurs pays respectifs et refuserait la solution de la signature de conventions d’extradition, dont la procédure est longue et incertaine, car elle privilégie le cas par cas et non pas la solution globale souhaitée par Mme Merkel.
Bouteflika accédera-t-il à la demande des Allemands ?
R. T.
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