Trafic de drogue à Marseille : fournisseurs marocains, main-d’œuvre algérienne
Les nouvelles à propos de meurtres à Marseille deviennent de plus en plus fréquentes. La dernière est celle reprise en boucle par les chaînes d’information françaises concernant un homme d’une cinquantaine d’années qui a été tué par balles, ce jeudi à midi, dans le quartier du nord de la ville. Les connaisseurs du «milieu» à Marseille savent qu’il s’agit de tueries entre revendeurs de drogue, et ceux qui s’entretuent pour le «territoire» sont algériens.
Si aucun Marocain ne figure parmi les victimes de ces règlements de compte récurrents dans la cité phocéenne, c’est tout simplement parce que les Marocains ne sont pas en première ligne sur le territoire, expliquent les observateurs. Ils sont les fournisseurs de drogue à des trafiquants, originaires des banlieues françaises, qui effectuent des voyages réguliers au Maroc et sont chargés de ramener, en transitant par l’Espagne, la résine de cannabis par centaines de kilos, si l’on se fie aux communiqués qui sanctionnent les saisies opérées lors des perquisitions en France.
Les véritables «gros bonnets» ne sont pas sur le terrain, contrairement aux délinquants algériens à qui est confiée la tâche de livreurs de cannabis. Medhi Remadnia est un Algérien présenté comme un «gros bonnet» du trafic de drogue à Marseille. Il a été tué le 7 février dernier à Allauch, à la périphérie de la ville, de «cinquante balles de Kalachnikov», précisent les médias français pour montrer l’importance de cet individu. Mais, en réalité, dans la «hiérarchie» de l’organisation mafieuse, il était bien plus bas. Il a constitué, avec d’autres malheureux Algériens, pris dans l’engrenage du «milieu» marseillais, à la fois la main-d’œuvre et la victime du Maroc et ses extensions en France.
Il y a quelques semaines, dans le Journal du Dimanche, des élus marseillais ont plaidé pour la légalisation du trafic de cannabis. La série de règlements de compte meurtriers qui secouent Marseille pourrait servir de prétexte à une telle démarche. Pour l’année 2016, le bilan s’est élevé à 29 morts à Marseille et dans ses environs. L’année 2017 continue la série : le 7 février, Medhi Remadnia a été tué à l’arme automatique ; le 16 février, une fusillade a éclaté entre des véhicules sur une autoroute à l’ouest de Marseille, faisant un mort ; et aujourd’hui, un homme a été tué par balles dans le nord de Marseille par deux hommes arrivés à sa hauteur en scooter. La police parle, sans hésiter, de la piste du trafic de drogue
Les observateurs du «milieu» marseillais notent que la drogue rentre en France avec une facilité déconcertante, ce qui laisse supposer que les livreurs bénéficient d’aide logistique et même, pensent-ils, d’une couverture politique dans ce pays. Il ne fait de doute pour personne que la drogue qui circule à Marseille provient du Maroc, un pays qui demeure en tête des gros producteurs de résine de cannabis dans le monde. Les rapports établis par les organisations internationales spécialisées dans la lutte contre le trafic de drogue classent le Maroc comme premier fournisseur de cannabis de l’Europe. Le Maroc est également impliqué dans un trafic important de cocaïne provenant d’Amérique du Sud à destination de l’Europe. Les fortunes qui sont brassées par ce trafic sont «blanchies» et versées dans les comptes des «donneurs d’ordre» proches du Makhzen et bien protégés.
Houari Achouri
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