Attentat déjoué de Constantine : une menace terroriste à prendre très au sérieux
L’attentat terroriste qui a ciblé, ce dimanche soir, un commissariat au centre-ville de Constantine, aurait pu provoquer, selon un communiqué de la DGSN, d’«horribles» dégâts s’il n’y avait pas eu la vigilance d’un policier en poste. C’est la preuve que les commanditaires de l’attaque avaient programmé un «coup d’éclat», susceptible de marquer la présence des groupes armés, après une relative accalmie, et se signaler dans le même temps à la nébuleuse internationale de Daech, qui a ordonné des attentats dans le monde entier et qui revendique systématiquement tout acte de nature terroriste. Ce qui prouve, par ailleurs, que le coup était préparé de longue date, c’est que le commissariat de Constantine aurait déjà reçu des menaces, selon nos informations. Il faut aussi rappeler qu’un policier a été assassiné, il y a quelques mois, par des terroristes dans cette même ville de Constantine qui a été, dans les années 1990, le théâtre d’une série d’attentats meurtriers visant des éléments ou des édifices des forces de sécurité.
Le recours à ce type d’attaque peut s’expliquer par les revers successifs essuyés par les groupes armés à travers plusieurs régions du pays, où l’étau se resserre contre eux, grâce à une mobilisation accrue des forces de sécurité. Ce qui les oblige maintenir un degré de vigilance élevé, à concentrer leurs efforts sur le renseignement et à adapter leurs méthodes de lutte au nouveau mode opératoire que semblent adopter des groupes terroristes acculés et prêts à tout.
Au plan politique, cette brusque survenance d’un attentat-suicide dans notre pays sonne comme une violente alerte à l’adresse de la classe politique qui, dans sa globalité, évacue ou minimise le péril terroriste. A deux mois des élections législatives, les partis sont appelés à intégrer cette nouvelle donne dans leur vision globale, à savoir notamment que la menace terroriste ne s’est pas totalement estompée en Algérie, comme le répètent par complaisance certains acteurs plus soucieux de leur carrière politique. Aussi, cette réalité doit-elle responsabiliser davantage ces acteurs face au terrorisme qui, non seulement met en péril le processus démocratique, déjà fragile, mais, surtout, choisit traditionnellement les échéances électorales pour démontrer ses capacités de nuisance.
C’est également un désaveu cinglant au discours lénifiant du gouvernement qui, par tactique ou manque de clairvoyance, réduit le danger qui guette le pays aux seules menaces venant du voisinage. Même s’il ne faut pas exclure, dans la conjoncture actuelle, de possibles liens avec les nombreuses cellules activant en Libye, en Tunisie ou au Mali. Car l’implication de ces cellules affiliées à Al-Qaïda ou apparentées à Daech s’est maintes fois manifestée dans des attentats de grande envergure, à l’image de l’attaque contre le complexe gazier de Tiguentourine, le 16 janvier 2013, qui avait fait une quarantaine de morts.
R. Mahmoudi
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