Des membres du conseil national du RCD dénoncent des «dérives»
Douze cadres du RCD membres du conseil national s’élèvent contre des dérives constatées au bureau régional du parti à Tizi Ouzou. Dans une lettre adressée au président du parti, Mohcine Belabbas, ces membres mécontents, dont un ex-député et un ex-P/APW, dénoncent un statu quo et des dysfonctionnements qui se multiplient au bureau régional, provoquant l’effacement du RCD dans cette wilaya au moment où la direction nationale déborde d’activités. «Conformément à l’article 53 des statuts, nous membres du conseil national de la wilaya de Tizi Ouzou, soucieux des intérêts suprêmes de notre rassemblement et par devoir de militants, nous tenons à nous adresser à vous quant à la situation préoccupante du parti dans notre wilaya», écrivent-ils dans leur missive, eux qui parlent de «dérives jamais égalées» et de «violences répétitives des dispositions statutaires et réglementaires commises par les responsables actuels du bureau régional».
Ces cadres du RCD assurent le président du parti que «l’encadrement de ce bureau se distingue parfois par une politique d’inquisition, d’insultes, d’intimidations et d’atteinte à la morale et à l’honneur des membres du conseil national et autres membres de la base». Ces cadres mécontents regrettent qu’«au lieu de tirer les leçons des échecs aux élections de 2012, puis aux sénatoriales passées et privilégier un débat général avec l’ensemble de l’encadrement après un bilan exhaustif, le bureau régional préfère mettre en quarantaine les militants et un bon nombre des membres du conseil national qui ne partagent pas sa vision hégémonique».
«Les interférences avouées ou avérées quant aux sénatoriales passées ne peuvent constituer à elles seules la raison de l’échec», poursuivent-ils dans leur lettre. Pour eux, d’autres facteurs cumulés dans le temps y ont contribué. «Le collège électoral concerné était fragilisé. Les élus étaient en partie en fronde contre les instances régionales où siègent toujours des inamovibles cadres qui cumulent à eux seuls un contentieux préjudiciable avec l’ensemble du collectif militant de la wilaya», assurent ces cadres, considérant que «les conflits hérités de 2012 et jamais traités ont fini par démobiliser plus d’un».
Ces cadres affirment qu’il y a un processus de fragilisation du parti qui est «consciencieusement» mené «avec comme seul objectif l’élimination de tous ceux qui ne cadrent pas avec cette vision réductrice et négatrice concoctée par un groupe d’amis qui ne font que se soucier de leurs intérêts loin de toute perspective généreuse et constructive du parti». Ils soulignent ainsi que «la moralisation de la vie politique interne au parti est complètement bafouée, conduisant à d’inévitables conflits d’intérêt».
Pour ces douze cadres, dont Maakni Hamid, Tirouche Arezki, Brahimi Salah, Bellabès Mahfoud et Ighilahriz Ferhat, «la prise de conscience des inconvénients d’une telle situation est indispensable pour un exercice des responsabilités exemplaire et la rénovation de la vie politique locale». Ils assurent que s’ils ont adressé cette lettre au président du RCD, c’était tout simplement parce qu’ils sentaient «un terrible malaise», «un mal qui couve en profondeur qui ne peut trouver traitement et solution sans son intervention».
Hani Abdi
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