Concentrés à Bouira et Tizi-Ouzou : les terroristes essayent de réinvestir la Kabylie
Neuf terroristes ont été neutralisés mardi dans une opération de ratissage menée par un détachement de l’ANP près d’Azeffoun, dans la wilaya de Tizi Ouzou. Il y a dix jours, quatorze autres terroristes avaient été éliminés à El-Adjiba, dans la wilaya de Bouira. En plus d’être le signe d’une vigilance accrue des forces chargées de la lutte antiterroriste, ces deux événements révèlent une forte concentration des terroristes dans la région de Kabylie. C’est aussi la preuve que les groupes armés cherchent à réinvestir cette région qui leur avait longtemps servi de zone de repli durant plus d’une décennie, avant de perpétrer des actions ciblant souvent des campements ou des convois de l’ANP et de la Gendarmerie nationale. Ces deux axes, Azeffoun-Béjaïa le long du littoral et El-Adjiba-Bouira au piémont du Djurdjura, ont été particulièrement le théâtre de plusieurs embuscades meurtrières menées par des groupes terroristes agissant souvent en grand nombre. Des éléments des services de sécurité, mais aussi des civils y ont perdu la vie.
L’activité terroriste a depuis considérablement baissé, mais la vigilance restait de mise, notamment au niveau de certains endroits réputés dangereux, comme le col de Tirourda où a été séquestré puis décapité l’alpiniste français Hervé Gourdel, le 23 septembre 2014. Cette prise d’otage avait permis au groupe terroriste qui l’avait revendiquée, Djound Al-Khalifa, antérieurement affilié à Al-Qaïda, de proclamer son allégeance à Daech, à la fois pour donner une envergure à sa présence dans cette région et attirer les autres terroristes disséminés à travers le pays qui étaient partout encerclés et minés par des luttes de leadership sanglantes.
Le recours à un attentat-suicide en plein centre-ville de Constantine dénote cette impasse dans laquelle se trouvent ces groupuscules incapables de reconstituer les anciens maquis. La neutralisation du chef de Djound Al-Khalifa en décembre 2014 a été sans doute un coup dur porté à ce groupe terroriste qui ambitionnait de refonder un large réseau composé de ce qui reste des anciennes katibas héritées du GSPC mais qui a pu lui survivre pendant encore quelque temps.
L’élimination de 25 éléments de ce groupe en mai 2015, puis de 23 autres en moins de deux semaines dans la seule région de Bouira, lui donnera-t-il le coup fatal ?
R. Mahmoudi
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