L’armée marocaine rappelle ses réservistes : à qui le Makhzen veut-il faire la guerre ?
Les responsables du Front Polisario avaient raison. La récente annonce par le Makhzen du retrait de ses troupes de Guergarate n’était qu’une basse manœuvre destinée simplement à leurrer la communauté internationale. Le but ? Eviter sans doute de nouvelles condamnations du Conseil de sécurité de l’ONU et mettre la pression sur le Front Polisario.
Dans la réalité, le Maroc prépare très probablement une nouvelle agression contre les Sahraouis. Dans le cas contraire, comment expliquer alors que la haute hiérarchie militaire marocaine ait décidé ces dernières quarante-huit heures de rappeler un grand nombre de réservistes ? Des sites d’information arabophones rapportent à ce propos aujourd’hui que le Makhzen a adressé des convocations à un grand nombre de soldats ayant participé à la honteuse guerre livrée par le Maroc aux populations sahraouies durant les années 1980.
La même source, qui reprend le quotidien Al-Sabah, ajoute que l’ordre a été donné à ces rappelés de se présenter dans les plus brefs délais au commandement de la gendarmerie munis de photos d’identité, d’un certificat médical en cas de maladie et de copies de leur carte d’identité. Il a été également demandé aux «sujets» de Mohammed VI de mettre à jour leurs adresses et leurs numéros de téléphones.
A ne point en douter, une telle décision a fatalement pour conséquence directe d’augmenter la tension déjà grande qui règne dans la région depuis des années. Le rappel de ses réservistes ne peut être interprété en effet que comme un élément annonciateur d’une future radicalisation de la position marocaine. Une radicalisation à laquelle devra certainement répondre le Front Polisario. A moins que tout ce branle-bas de combat est juste destiné, comme le soutiennent d’ailleurs certains observateurs, à occuper une opinion marocaine qui a du mal à s’expliquer la reculade de leur armée à Guergarate.
Quoi qu’il en soit, en optant pour la politique du pire, le Maroc risque de provoquer de graves dérives dans la région. Une telle perspective ne semble cependant pas préoccuper Mohammed VI. Le roi du Maroc l’a démontré à de nombreuses reprises, la stabilité et l’avenir du Maghreb ne font pas partie de ses préoccupations majeures.
La preuve en est : après avoir quasiment enterré l’Union du Maghreb arabe (UMA) lors de son récent discours à la tribune de l’Union africaine, le souverain marocain s’est empressé de demander l’adhésion de son pays à la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Cette décision ne devrait cependant pas faire long feu du moment que le Maroc ne partage rien avec la Cédéao. Contrairement à l’Algérie, Rabat ne possède même pas une frontière avec cette communauté.
Pour faire du business avec l’Afrique de l’Ouest, il aurait suffi au Maroc de négocier un accord de libre-échange avec les pays ouest-africains. Néanmoins, Mohammed VI se rendra certainement très vite compte que l’avenir de son pays est d’abord au Maghreb. Et pas ailleurs. Les médias ne le disent pas assez, mais même avec une frontière algéro-marocaine fermée, le Maroc reste dans la région le premier partenaire commercial de l’Algérie.
Le ministre de l’Union du Maghreb arabe, de l’Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel, a d’ailleurs rappelé ce matin, lors de son intervention sur les ondes de la Chaîne III, que l’Algérie commerce plus avec le Maroc qu’avec les autres régions africaines réunies. Mais c’est malheureusement un fait établi. Un fait qui d’ailleurs se confirme chaque jour : le Maroc ne connaît pas ses intérêts. Sa politique belliqueuse le perdra.
Khider Cherif
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