Après l’attentat de Québec : nouvelles menaces contre les musulmans au Canada
Un mois presque jour pour jour après l’attentat meurtrier qui a visé un centre culturel islamique de Québec et l’extraordinaire élan de solidarité populaire et gouvernementale qui s’en est suivi, la communauté musulmane du Canada est plus que jamais ciblée. Un groupuscule islamophobe, se présentant comme le «Conseil des citoyens conservateurs du Canada», a menacé ce mercredi de faire exploser plusieurs «petits engins artisanaux» dans les locaux de l’université Concordia, au centre de l’agglomération québécoise, en signe de protestation contre la présence d’étudiants musulmans.
Ces menaces adressées par courriels à l’université ont forcé les autorités à évacuer près de 4 000 personnes de cette université au centre de l’agglomération québécoise, rapporte la presse canadienne. Trois pavillons de l’université ont été évacués dès 11 h 30 (heure canadienne), a indiqué le porte-parole de l’université anglophone. Tous les cours ont été annulés jusqu’en début de soirée, a fait savoir l’université. Une «semaine de sensibilisation à l’islam» se déroulait dans l’un des pavillons évacués. Ce qui laisse croire que le groupuscule islamophobe cherchait à empêcher la tenue de cette activité en relation avec le culte musulman.
La ministre québécoise de l’Enseignement supérieur a dénoncé «fortement» ces attaques contre une université qui «est un modèle du vivre-ensemble». Plusieurs personnalités ont condamné ces harcèlements contre la communauté musulmane.
Cela dit, cette seconde démonstration en un mois attribuée au mouvement dit suprématiste au Canada sonne comme un désaveu cinglant au gouvernement québécois qui a essayé de minimiser l’ampleur des courants islamophobes et xénophobes dans un pays qui accueille chaque année des milliers de nouveaux migrants, dont une bonne partie est issue de pays musulmans. Une tradition qui risque ainsi de s’effilocher si rien n’est fait pour endiguer ce péril brun qui menace aujourd’hui le Canada.
Si d’aucuns expliquent cet accès de violence au Canada – et plus particulièrement au Québec – par l’«effet Trump», l’évolution du courant extrémiste dans la société canadienne est à analyser à l’aune des difficultés économiques que traverse le monde occidental en général, soutiennent de nombreux observateurs. Cette catégorie vulnérable de la population que sont les immigrés sert traditionnellement de souffre-douleur dans les moments de crise.
R. Mahmoudi
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