Sellal : «Nous n’interdirons aucun produit à l’importation»
Le Premier ministre Abdelmalek Sellal assure que la rationalisation des dépenses, notamment en matière d’importation, se fera de manière graduelle et en douceur. Lors de son intervention à la tripartite qui se tient aujourd’hui dans la ville d’Annaba, à l’est du pays, le Premier ministre dément les rumeurs selon lesquelles il y aura une liste de produits notamment alimentaires qui seraient interdits à l’importation. «En résumé, nous n’interdisons et nous n’interdirons aucun produit. Nous ne stopperons pas non plus les programmes de logements, de santé ou d’éducation», a assuré M. Sellal, soulignant que «nous faisons juste plus attention à nos moyens financiers qui se sont réduits et les mettons là où ils créent de la plus-value en termes d’emploi et de développement socioéconomique du pays.»
M. Sellal, qui préside la commission d’attribution des licences d’importation, parle de «rationalisation souple» afin de réduire le déficit commercial. «A l’instar de ces toutes dernières années, la facture d’importation devait aussi connaître une baisse en 2017 de l’ordre de cinq milliards de dollars dans le cadre de la méthode de cette rationalisation souple des dépenses publiques», indique-t-il, estimant ainsi que ces résultats ont été obtenus «sans créer des situations de pénuries ou de non-approvisionnement de l’appareil national de production dont la montée en cadence dans plusieurs domaines a permis la substitution aux marques étrangères et a facilité la mise en place d’un dispositif de licence d’importation simple, équitable et transparent».
Pour le Premier ministre, la brutalité dans la réduction des importations ne profiterait qu’aux maîtres spéculateurs avides de gain facile. Elle ne pourrait pas donc constituer une solution aux problèmes économiques du pays. Abdelmalek Sellal se dit conscient de la situation de l’économie nationale. «Les éléments de conjoncture commandent de rester vigilants sur le plan budgétaire afin de soutenir la gestion de la vie socioéconomique du pays, mais sans pratiquer une politique d’austérité», insiste-t-il devant les représentants de l’UGTA et du patronat. «Les efforts importants de l’Etat pour soutenir la croissance et honorer les engagements sociaux sont déployés dans un contexte mondial de décélération de la croissance et où le gouvernement travaille en parallèle sur trois autres fronts : la maîtrise de la dépense publique, la réduction des importations et le soutien à l’investissement productif», souligne-t-il, assurant que «le gouvernement est parvenu à stabiliser le cadre macroéconomique sans pratiquer une politique d’austérité, et a privilégié la recherche constante de la croissance et de la création de richesse à la gestion comptable froide et cynique».
Le Premier ministre explique donc la philosophie du gouvernement en la matière, en ciblant les niches de gaspillage. Une démarche qui a, selon lui, porté ses fruits, et le gouvernement a pu obtenir une stabilisation du budget de fonctionnement ainsi qu’une réduction notable de celui d’équipement. Abdelmalek Sellal a rassuré également sur les réserves de change qui s’étaient stabilisées à plus de 112 milliards de dollars, alors que le niveau des liquidités dans les banques a atteint, en janvier 2017, 1 037 milliards DA.
Le Premier ministre dénonce dans ce sillage les «présages alarmants de certains». «Le volume d’importations illustre également l’efficience de cette méthode de rationalisation souple qui a permis de passer de 66,6 milliards de dollars en 2014 à 35 milliards en 2016, et nous visons pour l’année en cours une réduction supplémentaire de cinq autres milliards de dollars», a-t-il souligné. Le Premier ministre dit également que les transferts sociaux vont continuer. L’Algérie assure chaque année une moyenne de 1 600 milliards de dinars de transferts sociaux qui représentent cette année 23,7% du budget de l’Etat. Ces transferts sont essentiellement orientés vers le soutien aux familles à travers la subvention des produits de base, l’éducation et l’accès à l’eau et l’énergie, la santé, le logement, les retraites et enfin l’accompagnement des faibles revenus, des démunis et des handicapés, a assuré le Premier ministre, selon lequel il y aura un contrôle plus rigoureux des prix à la consommation pour faire face aux spéculateurs.
Hani Abdi
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