Le bouc émissaire
Par Rabah Toubal – «Si la victoire a plusieurs pères, la défaite, elle, est orpheline», dit un vieil adage. C’est ce à quoi se sont finalement résignés les membres du comité politique du parti des Républicains français lors de la réunion qu’ils ont tenue lundi, en réitérant leur soutien à un François Fillon galvanisé par le meeting populaire que ses fans ont tenu, deux jours auparavant, sur la place du Trocadéro de Paris et l’annonce d’Alain Juppé de ne pas être candidat à l’élection présidentielle la plus chaotique et controversée de la Ve République. Ce, en raison, notamment, de la duplicité de Nicolas Sarkozy qui voulait lui-même être le «plan» ou, à tout le moins, son lieutenant François Baroin.
Entre temps, des centaines d’élus locaux de l’Assemblée nationale et du Sénat avaient rendu public le retrait de leur confiance à François Fillon, qu’ils accusent, comme Alain Juppé, de fourvoyer leur parti dans une impasse dangereuse et d’être une menace pour les institutions de la République, à l’instar de Donald Trump, auquel les soutiens de Fillon le comparent allégrement.
Ils viennent d’être confortés dans leurs craintes par la nouvelle révélation d’abus de biens sociaux faite par Le Canard Enchaîné, contre François Fillon. Ce dernier est de plus en plus distancé dans les sondages par ses deux principaux rivaux, en l’occurrence Mme Marine Le Pen – elle-même empêtrée dans une affaire d’emplois fictifs au Parlement européen – et par M. Emmanuel Macron qui s’affirme comme l’homme de la situation, avec le rassemblement de personnalités de tous horizons politiques qu’il est en train de réaliser autour de sa personne et de son programme, allant du centre, à la droite de la gauche et à la gauche de la droite.
En tout état de cause, l’une des leçons majeures qu’il faudrait tirer de la pathétique, pour ne pas dire tragique, «affaire Fillon», est que les hommes politiques qui mêlent les membres de leur famille à la gestion des affaires publiques, s’exposent et exposent leurs proches à des représailles certaines, pour les abus, méfaits et forfaits commis, une fois partis du pouvoir.
R. T.
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