Les travailleurs d’Air Algérie suspectent une tentative de privatisation de la compagnie
Une nouvelle fois, le syndicat UGTA entreprise d’Air Algérie a réagi à ce qu’il a qualifié de «campagne de dénigrement en règle contre le pavillon national Air Algérie». Dans un communiqué signé par son secrétaire général, S. Tiaouinine, et daté du lundi 6 mars, dont Algeriepatriotique a pris connaissance, le syndicat estime que «ces attaques endogènes et exogènes à la compagnie ne sont nullement justifiées ni opportunes». Pour le syndicat, il n’y a aucun incident susceptible de créer la polémique. Rien ne justifie la cabale contre Air Algérie dont la gestion et la qualité de service sont en constante amélioration, souligne le communiqué du syndicat, qui semble convaincu que «le but réellement escompté est à chercher ailleurs» et suggère qu’il s’agit d’un «intérêt individuel» lié à des «ambitions personnelles et extraprofessionnelles».
Le syndicat d’Air Algérie met en garde contre la nomination et le remplacement de cadres gestionnaires, en rappelant que c’est la prérogative de l’employeur. Sinon, avertit le syndicat, c’est l’incertitude et l’aventure pour la compagnie. Le syndicat UGTA entreprise d’Air Algérie appelle à reconnaître «le travail exceptionnel accompli par des personnels compétents et expérimentés, reconnu même par les avionneurs et les équipementiers». Il met en garde contre le risque de cultiver un climat de psychose parmi les passagers qui vont déserter Air Algérie, alors que c’est grâce à eux que les travailleurs de la compagnie touchent leur salaire.
Le communiqué reste flou sur les enjeux qui entourent la multiplication des déclarations sur la situation d’Air Algérie. Les travailleurs suspectent une tentative de privatisation de la compagnie. Ils accusent à demi-mot des «personnes» d’être derrière ces manœuvres. Qui visent-ils ? Ce n’est pas la première fois que le syndicat UGTA monte au créneau pour défendre l’entreprise contre des «attaques injustifiées et inopportunes» dont fait l’objet la compagnie nationale du transport aérien.
Il y a trois ans, en 2014, un communiqué du même syndicat, et presque dans les mêmes termes, avait dénoncé «certains salariés de la compagnie (qui) saisissent cette malheureuse conjoncture pour apporter de l’eau au moulin des détracteurs invétérés, qui trouvent toujours matière pour discréditer, quoi qu’il advienne, Air Algérie, fût-elle la meilleure compagnie au monde et l’Algérie meilleur pays du monde !». Ce communiqué, qui était tout aussi flou, avait pointé du doigt des «manipulateurs qui n’hésitent pas à utiliser tous les moyens pour calomnier et diffamer, commettent l’imprudence de douter et de s’attaquer à la maintenance aéronautique, qui a déjà acquis ses lettres de noblesse depuis des décennies».
On sait que de son côté, le Syndicat des pilotes de ligne algériens (SPLA) déclare être disponible pour un dialogue social au sein de la compagnie pour engager un processus de développement. Cette réaction, qui tranche avec celle du syndicat UGTA de l’entreprise, semble conforter la thèse avancée par le ministre des Transports, Boudjema Talai, qui a parlé de problèmes d’organisation et affirmé qu’Air Algérie «se porte mal» sur le plan financier.
Houari Achouri
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