La BN abrite une conférence appelant à l’interdiction de la mixité dans les écoles
Les tenants de l’obscurantisme ont réussi une nouvelle percée dans nos établissements culturels publics en organisant à Alger, sous la férule de la Bibliothèque nationale, une conférence sur la violence à l’école, avec comme slogan : «La mixité sexuelle (sic) est la cause numéro un de la violence scolaire» et, cerise sur la gâteau, organisée le 8 mars, Journée internationale de la femme. Un discours qui vient, en ces temps de précampagne électorale, apporter de l’eau au moulin des islamistes extrémistes et aux autres conservateurs qui se recrutent aussi bien dans le pouvoir que dans l’opposition, qui font de la misogynie leur cheval de bataille et pour qui la mixité dans les écoles et dans le milieu du travail et plus généralement dans les lieux publics est un fléau social à éradiquer.
L’affiche annonçant la conférence est illustrée par des caricatures odieuses de panneaux de signalisation montrant un couple d’écoliers séparé d’un couple de petites écolières indécemment refoulé sous un vulgaire «talisman» représentant la maison et «l’œil de Fatima». La question que l’on ne peut s’empêcher de poser ici est de savoir par quel truchement une institution aussi prestigieuse, relevant directement du ministère de la Culture, accepte si facilement d’abriter une telle ânerie. En tout cas, une enquête doit être diligentée par le ministère pour déterminer les responsabilités et pour qu’un tel dérapage ne puisse devenir un exemple. Cette agression morale contre un symbole de la culture algérienne ne doit pas rester sans suite.
Ce qui est aussi frappant dans cette histoire est que la conférence était programmée avec un homme présenté comme «docteur» nommé Smaïl Boulbina. Celui-ci a été président de l’association Ecologie et liberté, puis de l’association Nedjda de Timimoun qui lutte contre les accidents de la route, avant de lancer une autre singerie appelée Association des ânes d’Algérie. Ce personnage loufoque a même fait campagne, il y a quelques années, pour se faire désigner sénateur du tiers présidentiel. En 2008, il a bénéficié du soutien de trois quotidiens francophones algériens à grand tirage pour mener une enquête sur la sexualité des Algériens, sujet dont il est visiblement obsédé, mais sans apporter, d’après les comptes rendus de la presse sur ses interventions, la moindre suggestion digne d’intérêt.
R. Mahmoudi
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