Le secteur des télécoms continue à se dégrader : le lamentable échec de Feraoun
La «Politique gouvernementale dans le secteur de la poste et des TIC», présentée en octobre 2015 par la ministre de tutelle, Houda-Imane Feraoun, et publiée sur le site du Premier ministère, est loin de valoir la Déclaration de politique sectorielle pensée au tout début de la décennie écoulée, ont constaté des experts ahuris par une telle régression. Nos sources estiment que la première responsable du département concerné a ainsi «berné» sa hiérarchie en voulant montrer qu’elle faisait avancer le secteur alors que ce dernier est au point mort. «De plus, signalent nos sources, le document en question est truffé de chiffres erronés, voire fantaisistes». Ladite «politique gouvernementale» réduit la stratégie de développement du secteur des TIC de tout un pays au niveau d’une simple entreprise publique. Sans compter que le développement numérique du pays ne devrait pas être considéré comme un simple volet sectoriel de la politique publique ; il devrait être regardé comme une action transversale dont le développement est appelé à irriguer l’ensemble du système économique national.
C’est ainsi que nos sources relèvent avec étonnement une mise à l’écart saugrenue des opérateurs privés, complètement ignorés en dépit des efforts colossaux qu’ils consentent pour participer au développement de ce secteur névralgique. Ces derniers dénoncent, d’ailleurs, une discrimination criante de la ministre qui participe d’une volonté évidente de maintenir le secteur des TIC dans sa situation désastreuse actuelle et de privilégier son propre intérêt, celui de se maintenir à son poste en donnant l’impression de réaliser des résultats concrets sur le terrain, alors qu’il se produit exactement le contraire.
La véritable Déclaration de politique sectorielle, élaborée avec l’aide de la Banque mondiale, appliquée jusqu’à la fin 2005, a confié au ministère de la Poste et des TIC la mission d’élaborer une réglementation adéquate, encourageante pour les investisseurs et rassurante pour les opérateurs et de veiller au respect de la législation et de la réglementation, d’une concurrence loyale entre les opérateurs et à l’égard des usagers et des obligations contenues dans leur cahier des charges. Sous la direction d’Amar Tou, le secteur des NTIC allait prendre son envol mais les changements inappropriés opérés à sa tête par la suite ont freiné l’élan impulsé par les responsables dont les choix judicieux et courageux allaient permettre à l’Algérie de s’octroyer une place de choix dans ce domaine.
Dans les faits, «la réalité est toute autre», font remarquer les experts : «Le ministère de la Poste et des TIC ne donne pas l’impression de se conformer aux missions qui lui ont été assignées.» Nos sources constatent que ce département ministériel instable «agit directement en faveur de l’opérateur historique comme s’il était le ministère d’une entreprise publique et non celui de tout un secteur», bien que des opérateurs privés aient honoré l’Algérie en concourant à l’édification d’une économie numérique nationale forte et ouverte sur l’étranger, grâce à des technologies de pointe dont ils ont une parfaite maîtrise.
L’Algérie dispose de ressources humaines et matérielles pour exploiter de manière systématique le potentiel économique de l’industrie numérique ; son développement devrait être reconnu comme un facteur-clef de croissance, au regard aussi bien des nécessités de rentabilisation des investissements consentis jusque-la que des opportunités de croissance qu’il est susceptible de générer dans un grand nombre de secteurs d’activité.
Bien que le gouvernement ait fait de l’économie numérique sa priorité, conscient que le développement de l’économie nationale passe obligatoirement par un accès généralisé et à haut et très haut débit à Internet, cette mission est confiée à Algérie Télécom dont le modèle économique est inadapté du fait d’une situation quasi monopolistique, et malgré des défaillances nombreuses qui font subir au pays un grand retard dans le domaine des télécommunications.
Dans le même temps, s’étonnent nos sources, «les opérateurs nationaux privés qui se sont aventurés dans l’offre de services internet, encouragés en cela très justement par les pouvoirs publics, sont en train d’être littéralement assassinés par les pratiques anticoncurrentielles et l’abus de position dominante d’Algérie Télécom», à l’aggravation desquelles l’actuelle ministre contribue avec un zèle inexpliqué.
Au vu de tels résultats, on est en droit de se poser des questions, en particulier sur l’opportunité même de ce ministère et, surtout, jusqu’à quand une situation aussi insensée que néfaste pour le pays va-t-elle encore durer ?
Lina S.
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