La fraude a commencé : le pays à l’orée d’un nouveau cycle de régression démocratique
A un mois de la campagne électorale, tous les indices montrent que le pays est à l’orée d’un nouveau cycle de régression démocratique. Le climat dans lequel se sont passées les opérations d’élaboration des listes de candidats et de collecte des signatures nécessaires présage en fait d’une fraude à grande échelle, peut-être plus scandaleuse que toutes les précédentes, et dont les partis politiques eux-mêmes sont, consciemment ou inconsciemment, complices.
Qu’on en juge. Quand des candidats, inconnus dans leur propre parti ou tout simplement indésirables, sont parachutés par leur direction au grand dam des militants de base, comme c’est le cas notamment au FLN, ou quand des chefs de parti imposent leurs proches comme têtes de liste sans attendre l’avis de leurs militants, nul n’a plus le droit de se plaindre de ce qui sortira demain des urnes, ni de ce qu’en fera le pouvoir. On ne peut dénier au pouvoir ce qu’on a toléré et érigé en tradition pour soi. C’est pourquoi le pouvoir se sentira cette année moins embarrassé dans son petit jeu de redistribution de la rente politique.
Quand des candidats sans vergogne achètent les signatures au vu et au su de tout le monde, sans craindre d’être interpellés par leur direction, ni d’ailleurs par les autorités, il faut craindre le pire : que la corruption se banalise et se généralise le jour du vote. Et c’est là où le jeu peut devenir dangereux, s’il n’y a pas de garde-fous pour parer à d’éventuels débordements violents. Car c’est un risque qu’il ne faut pas sous-estimer, dans la conjoncture socialement explosive qui règne aujourd’hui, avec la montée des contestations, la flambée des prix… Et c’est là où la responsabilité de l’Etat – et pas seulement du gouvernement – est sérieusement engagée.
R. Mahmoudi
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