Où va l’école algérienne ?
Par Kamel Moulfi – La régression rampante menace l’école algérienne. Derrière les discours officiels rassurants se profile la réalité des faits qui donnent des raisons de s’inquiéter. La qualité de l’enseignement altérée au point où la pratique des cours de soutien s’est généralisée et a entraîné la création d’une sorte d’école du soir complémentaire qui a pris sa place au sein du système éducatif dans quasiment les trois paliers. On peut dire sans risque d’exagérer que l’enseignement public dans le primaire, le moyen et le secondaire n’est plus gratuit, il est semi-payant, puisqu’il faut débourser des sommes conséquentes pour pallier son insuffisance pédagogique.
Les tenants de l’obscurantisme pourraient être tentés d’expliquer les performances médiocres de l’école publique algérienne par la mixité scolaire. Ils ont déjà commencé à tenter de grignoter cet acquis de progrès social en Algérie en présentant la mixité comme «la cause numéro un de la violence scolaire» (voir article AP). Selon leur conception rétrograde, la présence de filles et de garçons dans la même classe serait le facteur qui provoque la violence à l’école, suggérant donc de mettre fin à cette mixité. Ils profitent du peu d’effort qui est fait pour apprendre aux élèves des deux sexes à vivre ensemble, sans violence. Les enseignants sont-ils préparés à cette tâche ? Ce n’est pas évident.
Mais le clou est sans conteste l’affaire du choix laissé aux élèves et à leurs parents concernant la vaccination, alors qu’elle est censée être obligatoire dans les écoles. C’est la ministre de l’Education nationale, Nouria Benghebrit, qui nous l’apprend : certains directeurs ont pris l’initiative de demander aux parents d’élèves s’ils acceptaient ou non la vaccination de leurs enfants contre la rougeole et la rubéole. Une initiative inédite qui a eu pour effet de semer le doute. S’agit-il d’un «acte isolé» ? Ou faut-il plutôt s’interroger sur l’existence d’une «administration parallèle» dont les indices étaient jusque-là imperceptibles ou sous-estimés, mais qui vient de se révéler au grand jour avec le mouvement de refus d’élèves de se faire vacciner ?
K. M.
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