L’argent sale et la violence polluent la scène politique et accentuent le mépris du citoyen
A quelques semaines de l’échéance du 4 mai, il y a de quoi être légitimement inquiet quant au climat qui va entourer la campagne électorale. Le feuilleton créé par la course aux sièges de députés a fini par tourner au drame. C’est la ville de Tiaret qui a servi de cadre à l’évolution dangereuse qu’a pris le conflit à l’intérieur du FLN à propos d’une liste de candidatures qui non seulement n’a pas réuni le consensus, mais a soulevé une opposition violente qui a dégénéré en bagarre générale, à l’intérieur même du siège de la mouhafadha, apprend-on, avec un bilan lourd d’un mort et six blessés.
Cet événement tragique aurait pu se passer dans n’importe quelle autre ville du pays et impliquer n’importe quel autre parti parmi ceux qui participent à ces élections législatives. Le renouvellement de l’APN est miné par l’intrusion de l’argent, qui domine très largement presque tout ce processus électoral. La puissance de l’argent, celui qui est transporté dans des sacs en plastique et dont l’origine est suspecte, a réussi à faire reculer le sens de l’intérêt général, qui devrait être la motivation première dans cette compétition électorale. Le salaire du député et les avantages qu’il obtient du simple fait qu’il occupe un siège à l’APN sans avoir à fournir un quelconque effort ont donné le vertige aux candidats, devenus vulnérables aux manipulations des faiseurs de listes. Ils ont tous cherché à être dans la bonne liste et à la bonne place.
Les dissensions dans les partis ne tournent pas autour des programmes des candidats, mais autour de la désignation de ceux qui seront sur les listes. Les passions qui sont soulevées ont peu à voir avec les préoccupations majeures qui concernent le pays ou encore moins la région concernée. Ces préoccupations sont faciles à deviner : le pouvoir d’achat, l’emploi, le logement, la santé, l’éducation, pour ne citer que les plus urgentes. On a l’impression que celles-ci sont absentes des critères de composition des listes de candidats. Tout le monde sait que les têtes de liste et les premières places sont farouchement disputées. A ce propos, les soupçons de pratiques de corruption sont évoqués ouvertement par les observateurs.
Pouvait-on attendre de la part de ces opportunistes de tous bords autre chose que le spectacle déplorable offert à Tiaret ? Ce qui s’est passé dans cette ville donne une idée du comportement violent que risquent d’adopter les déçus et les clans auxquels ils appartiennent. Le plus grave est que le malaise concerne les partis du pouvoir, qui sont appelés à avoir une nouvelle fois la majorité à l’APN. Dans beaucoup de cas, leurs directions ont recouru au fait accompli pour imposer les listes, mais ont visiblement sous-estimé la force de la contestation qui en découle.
Depuis que l’échéance électorale s’est installée dans le paysage politique, les citoyens ont été les témoins de la véritable lutte sans merci qui a caractérisé la vie des partis, particulièrement ceux de la majorité à l’APN en fin de mandat. Comment dans ces conditions espère-t-on mobiliser l’électorat pour se déplacer le 4 mai aux bureaux de vote ? Il s’agit pourtant de renouveler la composante de l’APN qui est une des principales institutions du pays.
Houari Achouri
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