Erdogan fait-il peur à l’Europe ?
Par R. Mahmoudi – Encouragé par le silence de la plupart des dirigeants européens, dont certains ont fait montre d’une certaine complaisance, comme c’est le cas de François Hollande qui a autorisé un meeting politique turc en France, l’autocrate d’Ankara ne va pas arrêter ses gesticulations et ses menaces qu’il brandit comme à l’époque des Ottomans qui se promirent d’envahir l’Europe. En se présentant comme le porte-étendard de l’islam dans le Vieux-Continent, et le seul à pouvoir endiguer la vague d’islamophobie qui le traverse, Erdogan peut fédérer la communauté musulmane qui y vit et l’utiliser comme paravent dans sa conquête. Le danger est que tous les islamistes, y compris les plus extrémistes, se reconnaissent dans son discours et dans sa mégalomanie.
Vue sous cet angle, cette crise diplomatique provoquée avec les Pays-Bas illustre cette volonté nourrie par le régime turc d’accélérer le choc entre l’islamo-nationalisme qu’il incarne et les néo-fascistes européens qui s’approchent aujourd’hui du pouvoir. Une sorte de choc des civilisations qui se joue pour l’instant sur un terrain diplomatique, mais qui peut rapidement dégénérer et prendre des formes plus violentes si le rapport de raison cède au rapport de force, et si les gouvernements européens, aujourd’hui désemparés et désorientés, continuent, par peur ou par tactique, à prêter le flanc aux deux courants extrémistes.
A moins que le but recherché par cette razzia turque soit de galvaniser les mouvements d’extrême-droite qui cherchaient justement les bonnes raisons pour réclamer le pouvoir suprême dans leurs pays respectifs. Ce n’est sans doute pas un hasard si, en France, le premier parti politique à avoir dénoncé l’organisation d’un meeting animé par un partisan d’Erdogan sur le sol français fut le Front national.
R. M.
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