Relayant les rumeurs : les médias étrangers se focalisent sur la santé de Bouteflika
Plusieurs médias internationaux, des plus sérieux aux plus saugrenus, se sont fait allégrement le relais des commentaires alarmistes et autres spéculations foisonnantes sur les réseaux sociaux, en se posant avec plus d’acuité que jamais des questions sur la santé du président Bouteflika et, par ricochet, sur l’avenir proche de l’Algérie en raison de cette «absence prolongée» du chef de l’Etat.
C’est ainsi que de nombreux organes et sites d’information, dont le très atlantiste Huffington Post dans sa version arabe, ont repris un long commentaire de l’agence Reuters, paru lundi, et qui fonde ses appréhensions sur l’annulation ou le report de plusieurs visites prévues par des responsables étrangers en Algérie, à commencer par celle de la chancelière allemande, suivie de celle du président iranien et, enfin, celle du chef de la diplomatie espagnole, bien que, s’agissant de cette dernière, le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a démenti toute programmation d’entrevue avec le chef de l’Etat.
Pour l’auteur de l’article, toutes les assurances du Premier ministre et du secrétaire général du FLN, Djamel Ould-Abbès, ne suffisent pas pour dissiper les doutes qui pèsent sur la santé du président. Il estime que ce «silence officiel» s’expliquerait par des projections sur «l’après-Bouteflika», un terme qui revient tel un leitmotiv à chaque fois qu’est évoquée la dégradation de l’état de santé du président. «De nombreux observateurs, écrit Reuters, estiment que les dirigeants algériens ne vont pas s’aventurer à opérer une transition chaotique du pouvoir dans un système où les décisions apparaissent souvent suite à des luttes larvées entre la vieille garde du Front de libération nationale et les dirigeants de l’armée, qui se voient comme les garants de la stabilité.» Et d’enchaîner : «En l’absence d’un successeur déclaré, la maladie de Bouteflika a remis à jour les inquiétudes sur l’avenir du pays et les interrogations sur celui qui pourrait assurer la relève.»
La presse marocaine, qui fut la première à distiller ces rumeurs amplifiées ensuite par des blogueurs algériens connus, ne s’encombre d’aucun scrupule pour donner le président algérien comme «agonisant» ou comme «finissant». Ainsi, pour le site Hespress, réputé pour être un des porte-voix les plus zélés du Makhzen, l’absence ou même une éventuelle disparition de Bouteflika n’améliorerait pas les relations algéro-marocaines, en arguant que l’Etat algérien «n’abandonnera en aucune façon la question du Sahara Occidental». L’auteur de l’article revient sur le «silence» entretenu autour de la succession du président, en estimant que les dirigeants algériens préféreraient «une transition en douce».
Dans le même registre, Mondafrique, site dirigé par le journaliste français Pierre Bau, estime dans un récent article que la maladie de Bouteflika reste «un secret d’Etat» dont seules trois ou quatre personne seraient au courant. Selon ce site qui se dit très introduit dans les coulisses algériennes, même le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, ou encore le directeur de cabinet, Ahmed Ouyahia, n’y ont pas accès. «Cette stratégie, écrit le journaliste, semble provoquer les rumeurs les plus folles. L’opinion publique algérienne reste totalement désemparée. Mais là-haut, au sommet du régime algérien, le ressenti de la population n’est guère une priorité. Seul l’intérêt politique compte. Et pour l’heure, il faut cacher le soldat Bouteflika. Le cacher le plus longtemps possible pour éviter les conséquences politiques désastreuses de sa longue fin de vie».
R. Mahmoudi
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