Un lexique algérien qui dérange
Par Kamel Moulfi – Le souci prioritaire de l’Algérie de diversifier l’économie semble partagé par l’Union européenne (UE), qui a débloqué une somme de 40 millions d’euros dans ce but en y ajoutant l’amélioration du climat des affaires, pour lequel les partenaires occidentaux ne sont jamais satisfaits quand il s’agit de notre pays.
Evidemment, ce n’est pas l’assainissement en cours du commerce extérieur algérien qui va susciter un quelconque intérêt à Bruxelles. L’UE n’ira jamais jusqu’à financer les efforts de l’Algérie visant à lutter contre les importations superflues provenant des pays qui la composent et encore moins contribuer à l’émergence de segments d’activités destinés à la substitution de produits achetés chez les pays européens.
Au contraire, sur le front du commerce extérieur, l’UE critique ce que fait l’Algérie. Le lexique algérien de l’importation comporte maintenant de nouveaux termes, comme licence, quota ou restriction bancaire, qui concernent des dizaines de produits, et cela ne plaît pas à Bruxelles, car c’est mauvais pour le climat des affaires… de nos partenaires de l’autre côté de la Méditerranée. Cela se comprend quand on sait qu’entre 2005 (année de l’entrée en vigueur de l’Accord d’Association Algérie-UE) et 2015, le montant annuel moyen des importations algériennes auprès de l’UE a été de 22 milliards d’euros. Et cela se comprend encore mieux quand on sait aussi que pour 2017, le gouvernement algérien a prévu de ne consacrer que 30 milliards de dollars pour les importations. Que restera-t-il pour l’UE ?
D’autres chiffres publiés à l’occasion des travaux de la 10e session du Conseil d’association Algérie-UE montrent le déséquilibre flagrant dans les échanges au détriment de notre pays. D’après des échos de cette réunion, la délégation algérienne a été pour le moins irritée de voir comment l’UE, à l’aide de normes strictes, protège ses frontières contre l’entrée de produits exportés par l’Algérie, et en face, aucune barrière de protection, mais plutôt une passoire. Il a fallu que le prix du baril chute et que les caisses montrent des signes d’épuisement rapide pour que le mot «alerte !» soit entendu par le gouvernement.
K. M.
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