Incapable de franchir la frontière algérienne, Mokhtar Belmokhtar se «recycle» en Libye
Le gouvernement de l’Est libyen, non reconnu par la communauté internationale, considère le groupe de Mokhtar Belmokhtar comme l’une des principales sources de ses problèmes. Le quotidien panarabe Asharq Al-Awsat rapporte dans son édition de mardi que le chef terroriste, ou ce qui reste de son groupe, a joué un rôle important dans l’unification des rangs des djihadistes libyens. Pour la publication paraissant à Londres, il serait parvenu à convaincre les éléments d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), de Daech et des milices pro-Frères musulmans de combattre sous le même étendard les unités dirigées par le maréchal Khalifa Haftar.
Selon Asharq Al-Awsat, qui cite des sources anonymes proches des terroristes de la région, c’est également Mokhtar Belmokhtar qui aurait persuadé les chefs respectifs de Daech, d’Aqmi et des Brigades de défense de Benghazi (BDB) d’attaquer, au début de ce mois de mars, le Croissant pétrolier libyen que contrôlaient les troupes de l’Armée nationale libyenne (ANL). Selon les échos recueillis par le journal arabe, l’alliance entre tous ces groupes terroristes n’a pas résisté au temps en raison, dit-il, d’importantes rivalités entre Mokhtar Belmokhtar et ses alter ego de Daech et des milices proches des Frères musulmans. C’est l’une des raisons qui feraient d’ailleurs qu’ils aient été chassés, hier, facilement par les hommes de Khalifa Haftar du Croissant pétrolier.
Le journal panarabe croit savoir que la finalité de Mokhtar Belmokhtar, en attaquant les sites pétroliers de Rass Lanouf et d’Al-Sidra, n’est pas de mettre uniquement la main sur le pétrole mais de faire progressivement de l’ex-Jamahiriya une base arrière pour tous les groupes terroristes de la région. Son but est de reconquérir toute l’Afrique du Nord, comme il avait tenté de le faire lorsqu’il activait en Algérie durant les années 1990. La même source doute cependant de la capacité du chef terroriste à réaliser son objectif dans la mesure où il est plus âgé et probablement beaucoup moins écouté qu’avant. Ils sont décrits lui et ses éléments comme des hommes épuisés, âgés et finissants.
Les informations données par Asharq Al-Awsat contredisent les informations de nombreux experts du terrorisme en Afrique du Nord, qui soutiennent que l’ancien fondateur du GSPC et du groupe Al-Mourabitoune est mort en Libye en automne dernier dans un raid franco-américain. C’est d’ailleurs de cette façon qu’ils expliquent la récente décision de ses anciens lieutenants de se liguer avec deux autres groupes terroristes du Sahel de même obédience. Cette union avait été annoncée le 2 mars dernier dans une vidéo par le chef terroriste malien Iyad Ag Ghaly. Le nouveau mouvement, lié à Al-Qaïda, est baptisé «Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans» et est dirigé par Ag Ghali. Cette coalition est formée d’Ansar Dine dirigé par Iyad Ag Ghaly, d’Al-Mourabitoune dont le chef était Mokhtar Belmokhtar et de «l’Emirat du Sahara», une branche d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) opérant dans le nord du Mali.
Amadou Koufa, le chef peul des «Katibas du Macina», mouvement actif dans le centre du Mali, fait partie des chefs djihadistes visibles dans la vidéo avec, au centre, Iyad Ag Ghaly devant un ordinateur portable. Les trois autres sont, selon des spécialistes, des dirigeants d’Al-Mourabitoune : Elhacen Al-Ansari, Yahya Abou El-Hamame et Abou Abderrahmane Assanhaj. De son vivant, Mokhtar Belmokhtar aurait certainement pris la tête du nouveau groupe et n’aurait jamais accepté de passer un deal avec Daech, une organisation qu’il considère comme un ennemi mortel. Une question alors se pose d’elle-même : qui a intérêt à maintenir vivant Mokhtar Belmokhtar ?
Khider Cherif
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