La chronique laconique de M. Aït Amara – TIC antiques, arche d’Attali et pneu crevé
Résumons. Houda-Imane Feraoun – la ministre des TIC –, qui avait promis de faire de son secteur un chantier pharaonique, s’est assise sur une Déclaration de politique sectorielle élaborée par des experts algériens émérites et applaudie par les institutions internationales les plus prestigieuses, et s’est adossée sur les vestiges surannés de ses prédécesseurs. Le miracle n’a pas eu lieu et pour cause. Le président de la République avait, dit-on, reçu une liste des ministrables et, par un simple calcul avec les doigts, constata que la prédominance masculine devait être atténuée par la présence d’une femme supplémentaire dans l’Exécutif. C’est ainsi que d’un coup de crayon, des compétences avérées avaient été rayées de la liste au profit de la jeune enseignante universitaire. De cette désignation soucieuse de l’équilibre des genres a résulté un passage miraculeux à l’âge de l’e-Antiquité. Les élections législatives approchant et un nouveau gouvernement devant y succéder, seul un retour de la ministre à sa chaire qu’elle n’aurait jamais dû quitter et son remplacement salutaire pourraient éviter que les recommandations consignées dans la stratégie pensée en 2003 finissent dans un sarcophage.
Résumons. Jacques Attali a étalé toute son arrogance lors d’une apparition sur un plateau de télévision française. L’homme aux chemises col Mao jure par tous les dieux que si l’Europe s’était ouverte à la Turquie d’Erdogan et à la Russie de Poutine, ces deux pays «n’auraient pas connu une telle dérive». Par dérive, le maître à penser de l’ancien président socialiste François Mitterrand entend une apostasie politique, en ce sens qu’Ankara et Moscou n’ont pas épousé la doctrine démocratique telle qu’enseignée en Occident. Ce qui dérange Jacques Attali, ce n’est pas tant l’inclinaison dictatoriale du sultan ottoman et la résistance farouche du maître du Kremlin face aux tentatives d’incursion otanesques, mais l’éloignement de ces deux Etats de ce que l’adepte de «l’économie positive» considère comme une religion sacrée. Le monde entier devrait donc se prosterner en direction de la Tour Eiffel et de Big Ben et embarquer sur l’arche d’Attali pour échapper au déluge.
Résumons. Le gourou de la balle ronde africaine a fini par recevoir un coup de pied aux fesses. Son alter ego algérien s’apprête lui aussi à plier bagage, après de longues années passées à dribler dans les coulisses de la Fédération algérienne de football. La fin de match sera bientôt sifflée et les prolongations qui se jouent en ce moment même ne semblent pas lui être favorables pour revenir au score. Lâché dès le lendemain du fiasco à la Coupe d’Afrique des nations, où les Verts ont été rossés comme des bleus, Mohamed Raouraoua a continué à s’agripper au pneu que ses chaperons lui ont jeté par-dessus bord après y avoir planté une aiguille pour qu’il crève lentement. L’humiliante défaite que le représentant de l’Algérie vient d’essuyer aux élections de la Confédération africaine de football et la victoire écrasante de son rival marocain ont élargi le trou dans la chambre à air. Mais le candidat à sa propre succession ne boira la tasse que si le TAS – le Tribunal arbitral du sport – lui tend le piton pour… raccrocher les crampons.
M. A. A.
Comment (21)