Qui arrêtera Erdogan ?
Par Rabah Toubal – L’autoritarisme, qui se transforme en tyrannie, du sultan d’Ankara, déborde largement des frontières de son pays pour atteindre des pays voisins de l’Orient et de l’Occident.
Sauvé in extremis du marécage syrien par Poutine, à qui il n’hésitera pas à tourner le dos au premier signe de Washington, son allié de l’Otan, Erdogan veut se renforcer sur le plan intérieur avec un régime ultra-présidentiel qui lui donnera les pleins pouvoirs pour neutraliser ce qui reste de forces démocratiques et laïques, fidèles à l’esprit de l’Etat moderne de Kamel Atatürk, aujourd’hui quai-totalement submergé par la vague verte qui déferle sur la Turquie depuis plus de dix ans.
Comme il l’a montré avec la Russie, Erdogan courbe l’échine quand il est en position de faiblesse et sort ses griffes et ses crocs lorsqu’il se sent en capacité de nuisance, comme avec l’Allemagne et les Pays-Bas actuellement, qui hébergent de fortes communautés d’origine turque.
A l’instar de l’Iran et des autres puissances mondiales et régionales, la Turquie islamiste veut avoir ses satellites afin de renforcer sa présence et multiplier ses gains et intérêts. Pour atteindre cet objectif majeur, Erdogan veut profiter de l’affaiblissement durable de l’Arabie Saoudite, enlisée dans les marécages yéménite, syrien et irakien notamment, et de l’Egypte, en crise, voire en guerre civile, pour ériger son pays en leader et défenseur de l’islam sunnite qui serait menacé par l’islam chiite, au Moyen Orient et au Maghreb.
Erdogan peut-il poursuivre indéfiniment sa «Reconquista» aux forts relents de nostalgie pour l’empire ottoman ?
R. T.
Comment (7)