Que de temps perdu
Par Khider Cherif – Le Premier ministre Abdelmalek Sellal rentre du Niger, où il a effectué une visite de travail de deux jours. Auparavant, le responsable algérien s’était rendu à Addis-Abeba pour prendre part, au nom du président Bouteflika, aux travaux de la première rencontre du bureau de la conférence de l’Union africaine (UA). A l’occasion de la cérémonie de passation de témoin entre les commissions sortante et entrante de l’organisation panafricaine, le président Bouteflika avait d’ailleurs été désigné Coordonnateur de l’Afrique pour la lutte contre le terrorisme par ses pairs africains.
Il y a cinq mois à peine, Abdelmalek Sellal avait également fait un déplacement à Bamako pour coprésider la 12e session de la Grande commission mixte algéro-malienne. Toutes ces visites ont été ponctuées par l’organisation par l’Algérie, en décembre dernier à Alger, d’un Forum africain d’investissement et d’affaires et un voyage des responsables du Forum des chefs d’entreprises (FCE) à Bamako afin d’y rechercher des opportunités d’affaires.
Le constat laisse penser que l’Algérie a enfin compris que pour devenir un leader incontesté en Afrique, il ne suffisait pas d’engranger des victoires politiques éclatantes sur le continent ou de mener la danse au sein du très vénérable hémicycle de l’Union africaine. Il n’est pas possible, en effet, d’aspirer à devenir une locomotive africaine avec un zéro pointé en économie et un niveau d’échange avec les pays africains quasi nul. C’est, il faut l’espérer, dans la perspective et la logique justement d’inverser la tendance que le gouvernement et le patronat algériens ont décidé de jeter des ponts avec de nombreux pays africains, à commencer par la Mauritanie, le Mali et le Niger. Et sur ce terrain, tout reste encore à faire.
Mais que l’on se mette bien une chose dans la tête. Le redéploiement de l’Algérie en Afrique n’est pas une coquetterie politique et ne répond pas uniquement à un objectif de puissance. Il est aujourd’hui devenu une nécessité absolue. Il correspond même à un impératif de survie. Pour faire rentrer des devises au pays, les entreprises algériennes n’ont d’autre choix que d’aller tenter leur chance sur les marchés du continent. Le combat ne sera certainement pas facile maintenant que tous les grands de la planète s’y trouvent. L’Algérie aurait beaucoup gagné à se tourner vers l’Afrique il y a dix ans, au moment où elle en avait les moyens financiers. Dommage, trop de temps a été perdu. Mais comme on le dit souvent : vaut mieux tard que jamais.
K. C.
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