Fait «divers» mais grave
Kamel Moulfi – L’agitation médiatique déclenchée par l’approche des élections législatives du 4 mai et par surtout les affaires sordides d’argent soulevées à cette occasion relègue très loin derrière dans la couverture de l’actualité des faits de la vie quotidienne qui sont pourtant non négligeables, voire particulièrement graves au vu de ce qu’ils dévoilent comme maux sociaux. Il en est ainsi du fléau de la drogue qui menace la société dans son segment le plus sensible, c’est-à-dire la jeunesse, et pire encore, à l’intérieur du système éducatif. Les saisies annoncées par les services de sécurité chargés de la lutte contre la drogue sont rassurantes puisqu’elles démontrent l’efficacité de leurs efforts, mais tout à la fois inquiétantes par l’ampleur du phénomène qu’elles révèlent.
Hier, un communiqué de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) a fait état de la saisie, à travers dix wilayas du pays, de 30 capsules de cocaïne, près de trois kilogrammes de kif traité et 4 913 comprimés psychotropes (voir AP). La présence de drogue dure dans les bilans des saisies devient de plus en plus fréquente et amène à s’interroger sur les dimensions de son marché de consommation interne chez nous. Quelle est la part de cocaïne qui transite par notre pays pour aller ailleurs et quelle est celle qui reste pour empoisonner la jeunesse algérienne ? Difficile de le savoir à travers la lecture des communiqués. On sait que les milliards de dinars brassés par ce trafic sont un facteur attractif puissant qui pousse directement à la grande criminalité.
L’alerte sur le nombre d’élèves qui s’adonnent à la drogue et, plus grave, au sein de l’établissement a été lancée depuis quelques années déjà. Au lieu d’imputer à la mixité filles-garçons la violence à l’égard des enseignants constatée dans les collèges et lycées, ou les batailles rangées entre élèves, ainsi que toutes les manifestations d’agressivité qui sont aux antipodes de la vocation de l’école, il est plus judicieux de renforcer la protection du milieu scolaire contre le trafic de drogue. C’est ce qui se fait à travers les campagnes de sensibilisation et l’accompagnement psychologique des élèves toxicomanes. Mais est-ce suffisant ?
K. M.
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