La France fournit aux Al-Saoud les armes qui servent à massacrer des enfants au Yémen
De ces vingt dernières années, le président François Hollande est sans doute le chef d’Etat français qui a le plus vendu d’armes dans le monde. Contrairement aux grands principes qu’il soutient dans ses discours sur la liberté et les droits de l’Homme, le président français ne cherche pas à connaître l’usage qui sera fait des armes qu’il refourgue à ses clients. Son seul souci est de faire rentrer de l’argent. La preuve, l’un de ses plus gros clients est le royaume wahhabite d’Arabie Saoudite auquel il vient de vendre pour près de 455 millions d’euros d’armes.
Selon l’hebdomadaire Le Point, qui rapporte l’information, une grande partie de cet arsenal de guerre pourrait être destinée à la guerre que Riyad et ses alliés arabes mènent contre le Yémen depuis 2015. Cette vente s’est effectuée malgré, ajoute-t-il, que «le ministère français des Affaires étrangères et Matignon y étaient réticents, arguant que ces matériels étaient destinés à la guerre au Yémen». Seuls, donc, l’Elysée et le ministère de la Défense estimaient que leur «allié saoudien devait être soutenu sans restriction» puisque c’est un partenaire dans la lutte contre le terrorisme.
Dans son article, Le Point se désole également que l’Elysée n’ait pas tenu compte que la guerre au Yémen a provoqué un véritable drame humanitaire à cause justement des armes fournies par les Occidentaux à la coalition arabe dirigée par l’Arabie Saoudite. Bon nombre d’agences des Nations unies ont d’ailleurs tiré une nouvelles fois la sonnette d’alarme la semaine dernière sur la situation désastreuse que vivent les civils houthis, indiquant que près de 10 000 personnes sont mortes depuis l’agression saoudienne. Le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) avait particulièrement alerté sur le fait qu’entre mars 2015 et le 10 mars dernier, au moins 1 546 enfants ont été tués et 2 450 autres ont été mutilés. Durant la même période, 1 801 garçons et 649 filles ont été mutilés par la guerre.
Ce bilan macabre accrédite l’idée, soutenue par de nombreuses ONG de défense des droits de l’Homme, que l’Arabie Saoudite et ses alliés arabes sont responsables de crimes de guerre. Les accusations étaient d’ailleurs tellement graves et insistantes que l’ONU a dû ouvrir en janvier dernier une enquête. Menée sur dix frappes aériennes de la coalition internationale dirigée par l’Arabie Saoudite, l’enquête en question a conclu que la plupart d’entre elles ne visaient pas des cibles militaires légitimes et pourraient être qualifiées de crimes de guerre, selon un rapport transmis au Conseil de sécurité.
Les organisations de défense des droits de l’Homme, dont Amnesty International, dénoncent régulièrement les livraisons d’armes dans cette région du monde et accusent les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France de fournir des armes à la coalition. Ces grands exportateurs d’armes agissent généralement sous le couvert de la résolution 2216 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui prévoit un embargo sur les armes destinées aux houtis, mais pas sur celles de la coalition.
Dans le cas de la France, Le Point pense que le montant total des armes vendues à l’Arabie Saoudite pourrait avoir atteint facilement les 3 milliards d’euros. Comment ? Riyad s’est arrangé par récupérer à son seul profil le contrat Donas de vente d’armes françaises au Liban, financées par l’Arabie Saoudite, et dont les modalités sont définies par trois avenants. «Aujourd’hui, ce contrat Donas a changé de nom pour devenir SFMC (Saudi-French Military Contract). Et les Saoudiens demandent une rallonge, un quatrième avenant qui pourrait s’élever à terme à une somme estimée entre 1,2 et 1,4 milliard d’euros», indique l’hebdomadaire français. De quoi réduire tout le Moyen-Orient en poussière.
Khider Cherif
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