A dix jours de la campagne électorale : la scène politique sombre dans la monotonie
A dix jours de la campagne électorale, les formations politiques en course pour les législatives semblent replonger dans leur somnolence habituelle. Du moins, elles sont peu visibles sur le terrain politique. Après la fièvre suscitée par la confection des listes de candidatures et l’introduction des recours, la tension retombe donc d’un cran. Que ce soit au sein de l’ex-parti unique, qui a été marqué par des protestations parfois violentes, ou dans les autres formations du pouvoir ou de l’opposition, l’activité politique est en chute libre, réduite à de courtes réunions internes ou à de furtives rencontres avec les militants.
Hormis les affiches du ministère de l’Intérieur appelant les Algériens à «faire entendre leur voix» en allant voter le 4 mai prochain, rien n’indique sur la scène politique qu’on est à la veille des élections législatives auxquelles participeront plus de 50 partis politiques et près de 200 listes de candidats indépendants. Certains pourraient lier cette situation à la place qu’occupe la préparation de la campagne électorale (programme, discours, sorties sur le terrain, affiches, comités de campagne…) qui commencera officiellement le 9 avril prochain. D’autres justifieraient cette nonchalance par l’absence de réelle vie militante au sein des formations politiques. Car, les plus enthousiastes et les plus actifs à la veille d’une élection sont toujours les militants structurés et encadrés.
Mais ce manque d’effervescence pourrait avoir d’autres explications, dont l’indifférence des électeurs. Et les causes de cette indifférence peuvent être multiples. Il y a tout d’abord la méfiance des électeurs envers le pouvoir, mais aussi envers la classe politique. L’absence de réelles garanties de transparence des élections est également un facteur aggravant de cette méfiance. Pour certains connaisseurs de la vie politique, les partis ont aussi une grande part de responsabilité dans cette inertie politique ambiante. Peu actif en dehors des élections, les formations, bien que nombreuses, peinent à mobiliser les citoyens.
N’ayant souvent pas de programmes politiques proches des attentes des élections, certains partis tentent de motiver les citoyens à participer par l’entremise d’un mélange judicieux de récompenses, de rétributions et d’altruisme. Mais les débats d’idées et de programmes sont quasi-inexistants. Beaucoup de candidats font jouer souvent leurs réseaux clientélistes ou d’amitiés afin de mobiliser un minimum d’électorat. Certains vont jusqu’à miroiter des avantages matériels à ceux qui mobiliseraient des électeurs en leur faveur. A cela s’ajoute la mauvaise image qu’a donné jusque-là le Parlement, souvent associé à une simple caisse de résonance de l’Etat et ses membres à une minorité qui se contente de tirer profit et avantages de leurs postes sans se soucier des problèmes et des intérêts du peuple.
Sonia Baker
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