Benbitour souhaite une «grande percée» des islamistes aux législatives
Dans un entretien accordé au site de la chaîne qatarie Al-Jazeera, l’ex-chef de gouvernement Ahmed Benbitour, qui ne se dit pourtant pas islamiste, a souhaité «une présence plus forte» du courant islamiste dans le prochain Parlement afin, dit-il, qu’«il puisse transmettre, de l’intérieur des institutions, ce désir de changer le système politique». Benbitour justifie son souhait par la paralysie qui empêche, selon lui, l’institution législative de jouer jusqu’ici pleinement son rôle et qui fait qu’aucun projet de loi émanant de l’APN n’a été adopté.
Interrogé sur le rôle que peut jouer l’armée dans le changement auquel ils aspirent, lui et ses partenaires de la Coordination pour les libertés et la transition démocratique (CLTD), l’ex-ministre des Finances dit ne rien attendre d’une institution qui «obéit à une organisation particulière et à une réglementation qui lui impose des conditions clairement définies dans toute intervention». Et de poursuivre : «Tout ce que nous attendons des tenants du pouvoir est qu’ils soient conscients du danger qui guette le pays, et nous attendons des citoyens qu’ils expriment avec force, mais pacifiquement, leur revendication d’un changement de système.»
Sur la question de «la vacance de pouvoir», Ahmed Benbitour dira que «les périls sont tels qu’il faut réclamer un changement du régime politique, et ne pas se contenter d’un changement de personnes». C’est pourquoi il ne veut pas perdre son temps à «parler de la vacance du poste de président».
Dans la même foulée, Benbitour affirme que tous les indices d’un Etat «failli» sont aujourd’hui réunis en Algérie. Il en énumère cinq : l’institutionnalisation de la médiocrité et de l’immobilisme, le culte de la personnalité, l’institutionnalisation de la corruption, concentration de la prise de décision entre les mains d’un groupe de personne qui se substitue ainsi aux institutions compétentes et, enfin, le morcellement des pôles de décision au sein du pouvoir.
R. Mahmoudi
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