Crise au FLN : lettre ouverte de membres du CC à Djamel Ould-Abbès
De nouvelles voix s’élèvent au FLN pour dénoncer les dérives autoritaires du secrétaire général, Djamel Ould Abbès. Quatre membres du Comité central, à savoir Brahim Boulegane, Mustapha Mazouzi, Ahmed Chaker et Chakib Djawharidh lui ont adressé une lettre ouverte dans laquelle ils l’accusent de poignarder dans le dos les militants sincères du FLN, de creuser la tombe du parti et de trahir le sang des chouhadas.
Usant de mots très durs, ces membres du CC reviennent dans leur lettre sur le décalage entre la parole du secrétaire général du parti et ses actes. Ces cadres expriment ainsi vivement leur colère en disant à Djamel Ould-Abbès les «quatre vérités». Visiblement agacés par ses récentes déclarations à la presse, ces quatre membres du CC lui disent qu’il est vain de chercher à justifier ses «actes répressifs, répréhensibles, contraires aux valeurs du FLN et attentatoires à ses référents et ses textes réglementaires».
Ces cadres remontés contre Ould-Abbès assurent qu’aucun critère prévu par les statuts n’est appliqué dans la sélection des candidats aux prochaines élections législatives. Les choix ont été, selon lui, dictés par Djamel Ould-Abbès en fonction de ses relations personnelles avec les cadres et selon ses humeurs.
Ces cadres poursuivent dans leur lettre en rappelant à Ould-Abbès qu’il a failli à tous ses engagements et n’a tenu aucune de ses promesses, notamment celle relative à la lutte contre la «chkara» ou la corruption au sein du FLN. Outre le non-respect des années de militantisme requises pour l’éligibilité des candidatures aux législatives, Djamel Ould-Abbès est donc accusé d’avoir ouvert la porte du FLN à tous les arrivistes, affairistes et opportunistes de la politique. «Nous sommes étonnés de vous entendre parler de la lutte contre la chkara alors que vous avez plus que jamais sali le FLN en étant vous-même avec les personnes qui vous sont les plus proches impliquées dans cette pratique répréhensible et punie par la loi», écrivent-ils en promettant à Ould-Abbès qu’ils se battraient jusqu’à ce que «tous ceux qui sont impliqués dans le scandale du marchandage des places de candidatures soient jugés».
«Vous avez annoncé en grande pompe – pour assurément la consommation médiatique – avoir gelé le mandat d’une députée impliquée dans une affaire de marchandage de listes de candidatures, alors que vous devez commencer par vous-même en démissionnant de votre poste après le scandale qui vous a éclaboussé», poursuivent ces cadres membres du FLN qui promettent d’agir avec la base militante pour soustraire le parti des mains des intrus qui «utilisent ce sigle pour leurs intérêts étroits».
Ces cadres frondeurs estiment que le statut de moudjahid que met en avant Ould-Abbès ne l’autorise pas à fouler aux pieds les principes élémentaires du fonctionnement d’un parti et encore moins piétiner ses statuts et son règlement intérieur. Pour eux, par sa gestion, Ould-Abbès est en train de «détruire» le FLN et de lui faire perdre son statut de première force politique du pays à la faveur des prochaines élections législatives. «Vous n’avez pas honte, Ould-Abbès, de qualifier la colère légitime de la base militante face à l’ampleur de la marginalisation des militants sincères et authentiques de complot ourdi par des cercles occultes qui veulent la perte de l’Algérie !» «N’avez-vous pas honte qu’avec votre comportement vous êtes en train de porter atteinte à l’image et à la réputation historique du parti et, de ce fait, à l’Algérie dont l’indépendance a été chèrement payée ?» dénoncent ces cadres qui s’engagent à se battre jusqu’au bout afin que le FLN retourne entre les mains de ses authentiques militants.
Ces voix frondeuses s’ajoutent à celles qui se sont déjà exprimées. A leur tête, la voix de Hocine Kheldoune, ex-membre du BP, qui a claqué la porte il y a quelques mois pour dénoncer les «dérives autoritaires» de Djamel Ould-Abbès.
Sonia Baker
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