Le mensonge du FFS sur sa participation aux législatives
Par Youcef Benzatat – Le FFS ment à tous les Algériens et en premier à ses militants, à ses sympathisants et à tous les indécis, ainsi qu’à tous ceux qui refusent de participer à une élection réglée d’avance. Inutile d’épiloguer encore et encore sur des élections sans enjeux, où tout est scellé avant même le déroulement du vote. Une situation qui dure depuis notre accès à l’indépendance. La dictature installée depuis ce tournant glorieux de notre histoire contemporaine à la peau dure et se reconduit indéfiniment sans que rien ne change.
Le FFS, comme aux législatives de 2012, continue toujours à reproduire le même argument, pour la même stratégie, voter pour «mettre du mouvement dans le statu quo», voter pour sauver la démocratie dans la perspective de remobilisation de la population et de réhabilitation du débat politique. Une stratégie sournoise dont les véritables motivations sont l’aveux d’impuissance. Déjà à cette époque, sa participation aux législatives s’est décidée en réalité dans les coulisses du pouvoir en se contentant en échange de l’attribution d’un quota de députés. Piétinant à la fois les principes et les traditions politiques du parti de refuser tout arrangement et compromission avec le pouvoir et les deals occultes.
Ce premier deal a été mené par le chef de cabinet du Président et des deux conseillers de ce dernier, l’ancien ministre Mohand-Amokrane Cherifi et Salima Ghezali, selon le témoignage d’un cadre du parti qui a été exclu la veille de cette dénonciation. Rien d’étonnant, cette dernière se retrouve aujourd’hui tête de liste FFS à Alger pour les législatives de 2017.
Conscient de l’impasse dans laquelle se trouve le processus démocratique et le pessimisme ambiant qui entoure la vie politique, le FFS a opté pour la survie en attendant dans l’illusion que les conditions soient favorables à son projet de conférence nationale. Car un quota de députés à l’Assemblée nationale est en soi une source de revenus vitale pour maintenir en vie le parti. Bien que ce choix allonge encore un peu plus la confiscation des droits politiques des Algériens tout en faisant gagner un temps précieux au pouvoir.
Il s’agit à proprement parler d’une stratégie pragmatique, car cette impasse politique n’est pas de l’ordre conjoncturel, mais il s’agit d’une impasse d’ordre structurel, qui ne pourra se dénouer que par la contrainte envers les tenants du pouvoir.
Cette impasse est alimentée principalement par le facteur de division, qui est liée à la crise identitaire et idéologique : opposition des berbérophones aux arabophones et des islamistes conservateurs aux modernistes laïcs. Ce facteur, associé à la conscience pré-politique dans laquelle végète la population, empêchent la possibilité d’un rassemblement autour d’un intérêt commun pour pouvoir unifier la contestation des droits politiques. D’autre part, face à la crise économique engendrée par la dégradation du prix des hydrocarbures, le pouvoir saura toujours imposer une réponse relative à la situation, comme il l’a toujours fait en pareilles circonstances, en réadaptant à chaque fois sa stratégie d’achat de la paix sociale, aidé dans les cas extrêmes par le recours à la violence comme cela c’était toujours produit par le passé.
Dans ces conditions, l’appel du parti à la jeunesse algérienne pour participer massivement au vote est une duperie et un écran de fumée pour cacher sa véritable stratégie participative aux élections. Le FFS rejoint dans ce cas les partis islamistes et même le MDS et le RCD, partis laïcs, pour réconforter la dictature et en affaiblissant, de fait, la véritable opposition au pouvoir, qui se réduit à une peau de chagrin, où Jil Jadid et Talaie El-Houriat semblent continuer à s’agripper à l’espoir d’un dénouement de la crise par l’usure en s’engageant dans un boycott actif des élections.
Y. B.
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