Un livre sur les secrets de l’Elysée révèle les dessous d’un orchestre invité à Alger
Le livre Bienvenue Place Beauvau Police : les secrets inavouables d’un quinquennat, d’Olivier Recasens, Didier Hassoux et Christophe Labbe, projeté au-devant de l’actualité en France par les accusations lancées par François Fillon, candidat à l’élection présidentielle française, contre le président en fin de mandat, François Hollande, à propos des activités d’un «cabinet noir», contient un passage qui peut retenir l’attention du lecteur algérien. Il concerne un orchestre français appelé Alma Chamber Orchestra, créé en 2013.
L’orchestre est sous la direction artistique d’Anne Gravoin, présentée comme éminente violoniste mais qui est aussi, néanmoins, l’épouse de Manuel Valls, ancien chef du gouvernement français. Cet ensemble est né d’une intention en apparence louable : «Œuvrer pour le rapprochement des peuples» et est censé, à ce titre, «se produire sur toutes les scènes internationales afin de diffuser un message de paix et de fraternité grâce à la musique». Ce message «universel et intemporel» a été porté, peut-on lire sur le site de l’orchestre, en «Israël, aux Emirats arabes unis, en Tunisie, au Maroc, en Algérie, au Qatar et en Afrique du Sud». Quelles sont les intentions réelles cachées derrière sa façade respectable d’orchestre ?
Le livre Bienvenue Place Beauvau laisse deviner qu’il y du louche dans cet orchestre et donc qu’il faudrait plutôt s’en méfier. Il cite un article du Nouvel Observateur, publié le 30 mars 2016, qui révèle que parmi les personnes qui financent l’orchestre, il y a «un mystérieux homme d’affaires algérien représentant en France un conglomérat koweïtien». On n’en sait pas plus sur ce mécène qui aide l’Alma Chamber Orchestra. Mais, d’après les auteurs du livre, il y a tout lieu de penser qu’il s’agit d’un montage financier douteux, comme l’ont qualifié les médias, touchant la violoniste Anne Gravoin, directrice artistique de l’orchestre. D’où un soupçon de scandale qui l’éclabousserait.
Anne Gravoin n’est pas inconnue des Algériens. Elle était à Alger le mardi 17 février 2015 pour un concert unique, donné en soirée par l’Alma Chamber Orchestra, à l’Auditorium de la Radio algérienne, à Alger, dans le cadre d’une tournée qui devait le mener à Rabat puis à Tunis. Les médias algériens avaient abondamment couvert l’événement.
La «violoniste émérite» s’était fait connaître surtout par la fameuse réplique de Roland Dumas interviewé par le journaliste Jean-Jacques Bourdin sur RMC et BFMTV, et dans laquelle l’ancien ministre des Affaires étrangères sous François Mitterrand avait suggéré que c’est l’influence d’Anne Gravoin qui est à l’origine du tournant pro-sioniste de Manuel Valls, alors qu’il était auparavant un pro-palestinien. Une attaque virulente avait alors été lancée contre Roland Dumas, et le gouvernement français avait déclenché la machine de la censure contre les deux médias.
Houari Achouri
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