IDH : l’Algérie se classe derrière le Golfe et loin devant le Maroc et l’Egypte
A la traîne pour le «climat des affaires», dont le classement est fait par la Banque mondiale et qui concerne strictement l’économie et plus précisément l’investissement privé, l’Algérie se porte mieux dans le développement humain, c’est-à-dire la qualité de vie de l’Algérien.
L’Algérie est classée 8e dans le monde arabe dans le classement des pays sur la base du critère du «développement humain» établi par le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) dans son rapport 2016 sur l’indice du développement humain (IDH). L’Algérie vient juste derrière les riches monarchies du Golfe et elle est suivie de la Jordanie et de la Tunisie, alors que le Maroc et l’Egypte sont loin derrière.
Au niveau mondial, notre pays est au 83e rang (sur 188 pays) dans la deuxième catégorie, celle des «pays à développement humain élevé». La première catégorie des «pays à développement humain très élevé» est dominée par la Norvège. Au plan africain, l’Algérie est 3e après les Seychelles (archipel situé dans le nord-ouest de l’océan Indien et rattaché au continent africain, 63e rang mondial) et Maurice (64e rang mondial). Sur trois ans, la place de l’Algérie au niveau mondial a été la même dans le classement IDH du Pnud, au 83e en 2014, en 2015 et en 2016, alors qu’en 2013, elle se trouvait à la 93e place.
En forçant le trait et pour employer le vocable habituel chez nous, on pourrait parler de «social» en pensant à la politique d’élimination des bidonvilles et de résorption de l’habitat précaire consistant à reloger au frais de l’Etat les habitants concernés. La politique de santé également entre dans ce registre avec le principe de la gratuité des soins, bien que dans la pratique, on s’en éloigne de façon perceptible pour les couches de la population les plus démunies. Même constat pour le système éducatif, gratuit dans les établissements publics, mais dont les lacunes et la qualité plutôt médiocre obligent les parents d’élèves à consacrer un budget conséquent pour le «complément» dispensé par les cours privés, ce qui a pour effet d’entraîner des inégalités sociales qui s’installent progressivement.
Au plan social, l’Algérie a connu des temps bien meilleurs, particulièrement dans les années 1970, bien illustrés par le plein emploi. La redistribution plus équitable aujourd’hui des richesses nationales a même créé une impression d’égalitarisme. Ces quinze dernières années, le niveau élevé des prix du pétrole s’est accompagné paradoxalement d’un creusement des inégalités. Au vu des rentrées financières engrangées, l’Algérie aurait pu mieux faire et se rapprocher, voire entrer dans la catégorie supérieure des «pays à développement humain très élevé». Maintenant, tout l’enjeu est de se maintenir, sinon améliorer de quelques points la position actuelle dans le classement du Pnud.
Pour garder la bonne image que donne l’IDH, l’Algérie doit continuer à consacrer des ressources financières importantes aux programmes dits sociaux et renforcer les politiques publiques dans les domaines de l’éducation/formation, la santé, le logement, le soutien au pouvoir d’achat, l’emploi et la protection sociale, pour citer les principaux domaines qui sont liés aux critères utilisés par le Pnud pour établir son classement de l’IDH. Et surtout, l’Algérie ne devrait pas écouter les mauvais conseilleurs qui s’obstinent à nous rabâcher les mêmes sornettes sur l’exemple d’un pays voisin au classement IDH plus que médiocre.
Houari Achouri
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