Islamophobie
Par Rabah Toubal – Dans le point numéro 7 des 15 points de la Déclaration d’Amman, communiqué finale, qui a été publié le 29 mars dernier, à l’issue des travaux de son 28e Sommet tenu dans un complexe touristique de la Mer morte – un symbole très significatif de l’état de la coopération interarabe –, la Ligue arabe se préoccupe gravement de l’accroissement du «phénomène de l’islamophobie» et de l’amalgame fait par les pays occidentaux notamment entre l’islam et le terrorisme. «Cette confusion ne sert que les groupes terroristes».
Cette réaction, plus ou moins tardive, de la vielle et amorphe Ligue des Etats arabes, tant décriée pour sa soumission historique aux désidérata des puissances occidentales et des plus puissants de ses membres, et où cohabitent les artisans et les victimes du «printemps arabe», les pro et les anti-régime syrien et des membres de la coalition qui massacre le peuple yéménite, ne gênera pas outre mesure les pays d’Europe, d’Amérique, d’Asie ou d’Afrique où les droits des minorités musulmanes sont bafoués et violés constamment.
Bien au contraire, ces communautés, plus ou moins importantes, sont utilisées comme épouvantails pour mobiliser les citoyens de ces pays grâce à des matraquages médiatiques systématiques qui font de l’islam et des musulmans l’ennemi public numéro 1, qui a remplacé le «juif errant» et le «communiste révolutionnaire» qui menaçaient le système «capitaliste» en place.
Les nombreuses craintes exprimées il y a plus d’un demi-siècle par le penseur algérien Malek Bennabi, dans ses différents ouvrages de prospective politique, soulignaient la revanche de l’Occident judéo-chrétien sur un monde musulman, plus faible que jamais.
Ainsi, la croisade contre l’islam, annoncée tambour battant par le président Georges W. Bush en 2001, après les attentats du 11 septembre, vient d’être relancée par les mesures racistes prises par le président Donald Trump contre les habitants de pays musulmans, divisés entre chiites et sunnites, monarchies et républiques, riches et pauvres.
En tout état de cause, l’active implication de notre pays dans ces confrontations philosophiques – pour ne pas dire idéologiques – interarabes, dont elles ont pendant longtemps subi les mesquines surenchères, ne pourraient que réjouir les compatriotes qui s’offusquaient, à juste titre, de la longue apathie de notre diplomatie au sein du monde arabe, malgré l’agressivité voire l’hostilité que des pays comme le Maroc, l’Arabie Saoudite et le Qatar affichaient vis à vis de l’Algérie, longtemps secouée par des événements qui ont failli l’emporter dans l’indifférence quasi générale des autres. L’Algérie était occupée à panser ses plaies profondes dont certains pays arabes connaissent aujourd’hui les tragiques et amers goûts.
R. T.
Comment (35)