Création d’un holding : Feraoun perd «son» Algérie Télécom
Le secteur étatique des télécommunications vient de connaître une nouvelle organisation. Selon des informations diffusées par la chaîne de télévision Ennahar et confirmées par nos soins, le Conseil des participations de l’Etat (CPE) a décidé de créer un holding regroupant quatre filiales de l’opérateur historique Algérie Télécom.
Ce holding aura donc sous sa responsabilité la téléphonie fixe et ADSL, l’opérateur de la téléphonie mobile Mobilis, la filiale des transmissions satellitaires (ATS) et la filiale européenne basée en Espagne (ATE). Les spécialistes des télécommunications applaudissent cette nouvelle organisation qui pourrait être salutaire pour ce secteur qui peine à décoller.
En décidant de créer un holding qui gérera toutes les entités publiques des télécommunications, le gouvernement semble avoir pris conscience qu’il est impératif de séparer la gestion de ces entreprises publiques du ministère en charge du secteur. La raison est que la vocation d’un ministère est d’œuvrer au développement de son secteur, en accompagnant les opérateurs, qu’ils soient publics ou privés. Le choix d’un holding Algérie Télécom pourrait libérer le ministère des Télécommunications de cette mission de piloter l’opérateur historique et de se pencher sur l’ensemble des activités du secteur.
Le ministère des Télécommunications s’est toujours occupé de la gestion d’Algérie Télécoms et à un degré moindre de celle d’Algérie Poste, délaissant tout le reste. Et l’arrivée de Houda-Imane Feraoun a beaucoup accentué cette situation, qui freine le développement des Technologies de l’information et de la Communication, moteur de croissance dans de nombreux pays. En effet, Mme Feraoun, plus que ses prédécesseurs, s’est distinguée par son implication, trop pesante, dans la gestion d’Algérie Télécom. Son travail est fortement centré sur ce groupe public des télécommunications au point que les autres branches d’activités et entreprises publiques et privées se sentent marginalisées.
Houda-Imane Feraoun se déplace souvent en VRP d’Algérie Télécom. A l’intérieur du pays comme à l’extérieur, la ministre n’oublie jamais de prendre avec elle des responsables d’Algérie Télécom. Elle met tout le point de l’institution qu’elle dirige pour décrocher à ce groupe public des contrats, dont le montant avoisinerait les 50 millions de dollars. L’objectif de sa démarche, c’est de trouver des marchés au niveau continental qui permettrait à Algérie Télécom de rentabiliser ses lourds investissements réalisés grâce, bien entendu, aux dotations budgétaires de l’Etat.
Dans ses interventions, elle parle souvent de cette entreprise et très rarement des autres. Elle défend le maintien du monopole d’Algérie Télécom sur la bande passante et les infrastructures. Mais les TIC, ce n’est pas uniquement Algérie Télécom. C’est aussi plusieurs opérateurs, notamment de la téléphonie mobile et d’autres petites sociétés qui fournissent d’autres services de télécommunications et Internet. En ces temps de vaches maigres, le gouvernement semble ainsi vouloir laisser le groupe Algérie Télécom, fortement soutenu par fonds publics, voler de ses propres ailes en le dotant d’une entité de gestion solide qui n’est pas mise sous la tutelle du ministère mais de celle du Premier ministère.
Ce changement constitue-t-il une réelle volonté du gouvernement de donner un coup de starter au secteur des télécommunications, en ramenant le ministère à sa véritable mission de facilitation de l’investissement pour développer davantage et plus rapidement les TIC ? Il faut rappeler que la politique menée durant les quinze dernières années dans le secteur des Télécommunications n’a pas permis le développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication. D’ailleurs, dans les classements internationaux en matière de développement de l’Internet, l’Algérie figure toujours au bas du tableau.
Hani Abdi
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