Déformation des propos de Sellal : les Iraniens rectifient le tir «timidement»
Après le tôlé général provoqué en Algérie par l’exploitation insidieuse faite par les médias iraniens de la rencontre au début de la semaine à Alger entre le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et le ministre iranien de la Culture et de la Guidance islamique, Reza Salehi Amiri, l’agence de presse officielle iranien Irna s’empresse aujourd’hui de recoller les morceaux. Comment ? En faisant sienne tout simplement la cinglante mise au point du ministère des Affaires étrangères algérien rendue publique le 2 avril. Dans un article publié aujourd’hui sur son site internet, l’agence Irna commence par expliquer que les informations relayées par certains médias iraniens sur le contenu de la rencontre entre Abdelmalek Sellal et Reza Salehi Amiri «sont infondées et les propos mal rapportés et non conformes à ce qui a été réellement abordé à cette occasion». Une manière évidente de se désolidariser avec tout ce qui s’est écrit jusque-là sur la question.
L’auteur de la dépêche publiée par l’agence Irna prend, par ailleurs, un soin méticuleux pour expliquer que cette rencontre avait porté essentiellement sur l’intérêt que doivent accorder les deux parties, algérienne et iranienne, aux aspects culturels dans le but de renforcer les liens d’amitié et de coopération unissant les deux pays. Citant longuement le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, il ajoute que cette rencontre «a été l’occasion pour le Premier ministre algérien d’exprimer le souhait de l’Algérie de voir l’Iran jouer un rôle positif dans sa région et constituer un facteur de stabilité et d’équilibre au Proche-Orient et dans le golfe arabique». Il précise en outre que «M. Sellal n’avait pas manqué de mettre en avant la qualité des relations liant l’Algérie à tous les pays arabes dans le Golfe et le Machreq (…) et d’exprimer sa conviction que le dialogue était le seul moyen à même de surmonter les problèmes conjoncturels de l’heure».
A ce propos, l’agence Irna souligne que «la lutte contre le terrorisme figurait également parmi les principaux points abordés par les deux parties lors de ladite rencontre, où M. Sellal avait réaffirmé la détermination de l’Algérie à poursuivre ses efforts en vue de lutter contre ce fléau et à œuvrer à sensibiliser ses partenaires quant à ses méfaits sur la sécurité et la stabilité internationales, ainsi qu’à la nécessité de mobiliser toutes les capacités possibles en vue de son éradication». L’agence Irna insiste enfin sur l’idée que M. Sellal a affirmé que «l’Algérie respectait toutes les religions monothéistes et toutes les doctrines et souligné la nécessité d’établir des passerelles entre elles».
A mentionner qu’en moins d’une semaine, la Tunisie puis l’Algérie ont été la cible d’une forte campagne de désinformation officielle de la part de Téhéran. Des observateurs soutiennent que cette désinformation obéit à un plan politique à travers lequel le régime iranien cherche, dans la guerre de positions qui l’oppose à l’Arabie Saoudite, à élargir sa zone d’influence et, surtout, à attirer vers lui les rares pays arabes qui ne sont pas soumis à la stratégie saoudienne dans la région, comme l’Algérie et la Tunisie. Deux pays qui ont toujours affiché leur neutralité dans les conflits régionaux et acceptent d’en payer le prix. En s’empressant de rectifier le tir, Téhéran a sans doute fini par comprendre que l’Algérie n’était pas une république bananière que l’on pouvait manipuler à souhait ou entraîner dans des conflits qui ne la regarde pas. Malgré l’impression de dilettante qu’elle peut parfois renvoyer, l’Algérie repose sur un Etat. Et un Etat très vigilant.
Khider Cherif
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