Le défi
Par Aziz Ghedia – Dans un précédent article publié dans ces mêmes colonnes en décembre 2016, j’écrivais ceci : «L’élection de Donald Trump aux Etats-Unis est de nature à changer la donne politique non seulement en Syrie, mais dans tout le Moyen-Orient.» Force est d’admettre qu’aujourd’hui, à peine quelques mois après son élection à la Présidence américaine, l’intervention militaire qu’il vient d’ordonner en Syrie risque, effectivement, de changer la donne. Certes, pas dans le sens que nous souhaitions, mais dans un sens plutôt négatif, dans un sens où le risque d’une déflagration généralisée pouvant aboutir à un conflit de type troisième guerre mondiale n’est pas à écarter.
C’est une banalité que de dire cela, mais, jusqu’à ce jour, toutes les interventions américaines au Moyen-Orient se sont faites sous des prétextes fallacieux et des mensonges.
Rappelons-nous le cas de l’Irak : dans un premier temps, c’était à cause de la soi-disant accointance de Saddam Hussein avec Al-Qaïda qui était responsable de la destruction des tours jumelles de Manhattan à New York, puis, dans un deuxième temps, on avait invoqué la possession par ce pays d’ADM (armes de destruction massive) qui n’ont, pourtant, jamais été retrouvées.
C’est le cas aujourd’hui.
Sans chercher à savoir de façon précise ce qui s’est passé dans ce petit village de Syrie encore assiégé par les terroristes de Daech, Trump lance son aviation dans une opération de représailles qui pourrait être le prélude à une escalade très sérieuse des événements. Car, dans cette affaire, ce n’est pas seulement le régime de Bachar Al-Assad qui est visé, mais c’est aussi la Russie de Poutine (qui le soutient) qui en fait les frais. Et, accessoirement, les autres forces (Iran, Hezbollah) qui se sont jointes à l’armée régulière de Syrie pour mater la rébellion, et ce, quel que soit le qualificatif dont elle est affublée par les pays de l’Otan, modérée ou autre.
La Syrie ne peut qu’accuser le coup. Elle n’a pas les moyens de se défendre contre les frappes des Américains et, probablement dans les prochains jours, de toute une coalition occidento-wahhabite qui va se mettre sur pied et en ordre de bataille, comme celle, jadis, contre l’Irak. Les Russes seront-ils aptes à relever le défi ? Ont-ils la volonté et les moyens militaires de le faire ? Nul ne souhaite une telle issue à ce conflit, à cette crise qui n’a que trop duré… mais à la guerre, c’est comme à la guerre.
Le monde retient son souffle.
A. G.
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