La course aux sièges commence : mauvais départ pour le FLN, forcing des islamistes
Tous les indices plaident pour un remake des élections législatives du 10 mai 2012, avec une prédominance indiscutable du FLN, nonobstant le mouvement de contestation qui a secoué les structures de ce parti, à l’issue de la confection des listes de candidats, et les accusations, nombreuses et lourdes, qui pèsent sur son secrétaire général, Djamel Ould-Abbès.
Avec un nombre de listes le plus élevé, une meilleure organisation, il faut donc s’attendre à une mobilisation largement dominante dans le pays lors de cette campagne, et à un triomphe peut-être sans précédent. Il s’agit pour le parti de confirmer sa suprématie quasi absolue sur la scène politique nationale et de mériter ainsi sa place de première force politique et, pour son patron, de se refaire une virginité pour éviter le sort qu’ont connu ses prédécesseurs à l’orée de chaque consultation électorale.
Son alter ego, le RND, qui a fait bonne presse aux dernières législatives, risque cette fois-ci de perdre sa position de deuxième force politique. Avec la mobilisation de tout son staff de direction, conduit par son secrétaire général qui ambitionne de sillonner les 48 wilayas pendant cette campagne, il peine à se trouver un mot d’ordre mobilisateur qui puisse le distinguer du parti majoritaire, lequel a monopolisé jusque la paternité du programme du président de la République. Mais, en même temps, c’est une chance pour le parti d’Ahmed Ouyahia de circonscrire le mouvement de «redressement» qui le cible depuis quelques mois. Mais attention à la surprise que peuvent créer les différentes coalitions islamistes qui tentent de se remettre de leur débâcle des élections de 2012. Leur chance d’arriver en deuxième position est pour la première fois posée comme très probable. Anticipant les résultats, les dirigeants du MSP font miroiter leur disponibilité à participer au prochain gouvernement, tout en minimisant les risques de fraude.
Pour le reste, ces élections seront aussi un test pour la nuée de formations politiques nouvellement agréées, qui cherchent à avoir de l’ancrage et, pour certains d’entre elles, à avoir un pied dans les rouages de l’administration. Or, les observateurs sont unanimes à relever un niveau plutôt médiocre des candidatures présentées pour cette échéance et une tendance, déjà constatée lors des dernières législatives, à privilégier encore et toujours les hommes d’affaires (le syndrome de la «ch’kara»), ce qui est perçu comme un mauvais signe pour l’essor de démocratie dans notre pays.
Par ailleurs, des partis qui avaient émergé aux élections de 2012, comme le MPA d’Amara Benyounès ou le PT de Louiza Hanoune, peinent à retrouver leurs marques et risquent de céder leurs places à d’autres formations du courant dit nationaliste, comme le Front El-Moustakbel d’Abdelaziz Belaïd.
Il faut aussi s’attendre au retour en force du FFS en Kabylie, où il a perdu du terrain à cause, notamment, de sa politique de démission et où il aura à affronter de nouveau son rival traditionnel, le RCD, qui, lui aussi, a abandonné la politique de la chaise vide après avoir tenté le boycott des dernières législatives. Ce sera aussi la première épreuve d’envergure pour son chef, Mohcine Bellabas, même s’il n’est présent que dans une dizaine de wilayas.
Ces deux partis auront surtout affaire à une forte tendance à l’abstention dans cette région, aggravée par les troubles qu’ont connus certaines villes qui constituent leurs fiefs traditionnels.
Au-delà des luttes partisanes et des résultats qui détermineront l’issue de ce scrutin, l’enjeu principal reste, en effet, comme pour toute échéance électorale, le taux de participation. C’est la hantise de la plupart des états-majors des partis mais, aussi, du gouvernement qui redoutent, comme à la dernière consultation, une forte désaffection des citoyens. Avec le spectre de la hausse généralisée des prix, d’aucuns prédisent un taux encore plus faible que celui enregistrés aux dernières législatives, lesquelles, on s’en souvient, ont été sauvées par l’appel pressant du chef de l’Etat qui avait assimilé ces élections au 1er Novembre 1954, date du déclenchement de la Révolution. La référence était claire : il s’agissait de défendre la souveraineté du pays face aux visées néo-colonialistes qui guettaient la région, à travers la vague d’insurrections qui avaient ébranlé nombre de pays maghrébins et arabes.
Avec un taux avoisinant 40%, les législatives de mai 2012 ont réussi à endiguer le forcing islamiste exercé par une alliance islamiste avide de pouvoir (l’Alliance de l’Algérie verte, composée de trois partis), qui voulait se présenter comme le prototype de l’alternance mise en place en Tunisie, au Maroc et en Egypte. La nouvelle alliance y arrivera-t-elle le 4 mai prochain ?
R. Mahmoudi
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