Campagne électorale sur fond d’austérité
Par Aziz Ghedia – Une campagne électorale dans un pays où le prix de la pomme de terre n’est pas à la portée de la ménagère, ne peut que laisser le peuple indifférent. Au premier jour de cette campagne, ce que l’on peut dire c’est que, dans nos villes et villages, rien ne laisse présager que dans quelques jours les citoyens se rendront nombreux aux urnes pour élire leurs représentants à l’APN. Et ce n’est certainement pas les candidats des partis en lice – qui doivent se frotter les mains en ce moment –qui pourront nous contredire.
Aucune activité politique n’est à signaler, hormis quelques banderoles sur les façades des sièges des différents partis. On pourrait peut-être rétorquer qu’il faudrait atteindre la vitesse de croisière de cette campagne pour se faire une idée plus précise. Mais, d’ores et déjà, il est certain que cette campagne n’intéresse personne. Et elle n’intéressera personne. Elle n’atteindra jamais sa vitesse de croisière et elle se terminera comme elle a débuté : dans l’indifférence générale.
Les Algériens ne sont pas dupes. Ils ont bien compris que les élections de quelque sorte que ce soit, législatives ou même présidentielles, ne régleront pas leurs problèmes, n’aideront pas le travailleur qui trime du matin au soir, le père de famille, à joindre les deux bouts. Ni la ménagère à remplir, moyennant une somme d’argent raisonnable, son couffin. C’est d’une évidence très simple. Elémentaire même.
Les candidats à ces élections sont, en réalité, à mille lieues des préoccupations des citoyens et, une fois élus, une fois bien installés dans l’hémicycle de Zighout-Youcef, ils ne regarderont plus du côté de ceux qui, grâce à leurs voix, à leur devoir de citoyen, les ont faits parlementaires. Cela a toujours été ainsi et les citoyens savent bien qu’il n’y a aucune raison que cela change. Voilà pourquoi ils ne sont pas emballés par ces élections.
En 2007, lors de ces mêmes élections, j’écrivais ceci : «Quant aux partis politiques qui sont bien structurés, bien ancrés dans la société aussi et qui font partie déjà de la coalition gouvernementale (FLN, RND et MSP), ils sont déjà certains de rafler la mise dans un ordre chronologique et à des pourcentages tels qu’il n’est pas exagéré de dire que les dés sont déjà jetés et les jeux faits. Le gâteau est déjà partagé en tranches inégales, certes, selon l’appétit des uns et des autres, et la question qui reste à régler est : qui va s’emparer de la cerise qui orne le gâteau ? En d’autres termes, qui aura la majorité parlementaire ? Le parti FLN, qui continue, plus de quarante ans après l’indépendance, de jouer sur la fibre révolutionnaire des Algériens, le « bébé moustachu » (c’est comme ça qu’on appelait le RND au moment de sa création, en 1995) ou le frère ennemi de l’ex-FIS» ?
Force est de constater que dix ans après ce constat, rien n’a changé. La pratique et les mœurs politiques, en Algérie, sont immuables ; toujours les mêmes. Ce qui prouve que la rente n’est pas encore complètement épuisée et qu’il reste encore plus que des miettes à se partager. Quant au peuple, il n’a qu’à serrer encore d’un cran sa ceinture, l’austérité le touche de plein fouet, lui.
Aziz Ghedia
Membre fondateur de Jil Jadid
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