Campagne électorale : quand les islamistes algériens singent leurs mentors turcs
Présents en force aux élections législatives du 4 mai prochain, les partis islamistes semblent avoir mobilisé de gros moyens pour essayer de séduire l’électorat. En voulant innover et se distinguer par rapport à leurs concurrents, les candidats des différentes listes des deux principales alliances, conduites respectivement par le MSP et le FJD d’Abdallah Djaballah, utilisent des fourgons flambant neufs sur lesquels sont collées des affiches portant des slogans et les portraits des principales «têtes de listes», et allant de quartier en quartier. Une méthode inspirée de la campagne qui bat son plein actuellement en Turquie pour le référendum constitutionnel du 16 avril prochain.
Les militants du puissant AKP sillonnent sans arrêt depuis plus de dix jours toutes les villes et bourgades de ce vaste pays, avec des minibus blancs émettant des chants partisans, et arborant d’immenses portraits de Recep Tayyip Erdogan ou ceux du sulfureux Premier ministre, Bonali Yildirim, frappés d’un agressif «Evet» (Oui). Une méthode qui a, par ailleurs, prouvé son efficacité, puisqu’elle permet aux militants de toucher un maximum d’agglomérations, sans être obligés d’organiser partout des prises de paroles ou des meetings qui grèvent lourdement la caisse du parti. Si bien que l’omniprésence de ces véhicules de campagne a fini par faire de l’ombre à l’autre campagne, celle des partis opposés à la réforme constitutionnelle que proposent le président Erdogn et celle des boycotteurs, et même à les intimider.
La similitude frappante des moyens utilisés par les partisans des deux pays montre que les islamistes algériens copient leurs «confrères» turcs jusque dans la disposition des slogans et des portraits sur les véhicules mobilisés pour la cause. Une duplication qui montre à quel point ils sont obnubilés par le modèle islamiste initié par l’autocrate d’Ankara, auquel ils vouent une allégeance sans faille.
Reste à savoir, pour le cas des islamistes algériens, si cette innovation ne contrevient pas aux textes qui régissent la campagne électorale dans notre pays. Parce qu’on sait déjà que les lieux autorisés à abriter des activités inhérentes à la campagne électorale et, plus généralement, à l’action politique sont assez restreints, quand ils ne sont pas soumis à une réglementation drastique.
D’Istanbul, R. Mahmoudi
Comment (29)