«Nous serons parmi les premiers à l’APN» : Ghoul veut-il dire que les jeux sont faits ?
Le dirigeant du parti islamiste Taj a-t-il reçu des assurances ou bluffe-t-il ? Hier, lors d’un meeting, Amar Ghoul a juré par tous les dieux que son parti allait «jouer les premiers rôles» dans la prochaine Assemblée, répétant à tue-tête qu’il était certain de ce qu’il annonce. Le parti de l’ancien ministre des Travaux publics, qui a été créé pour contrecarrer l’entêtement d’un Abderrezak Mokri, chef du MSP, homme lige de son mentor turc de l’AKP Recep Tayyip Erdogan, n’a pas une assise populaire suffisante qui puisse lui garantir un résultat probant lors de cette élection législative. Comment, alors, Amar Ghoul peut-il être aussi sûr d’un tel succès ?
Un court retour en arrière suffit pour démontrer qu’Amar Ghoul n’a aucun argument qui prédestine son parti à se classer parmi les premières formations politiques lors de ce prochain scrutin dont les premiers signes confirment que le taux d’abstention sera encore plus élevé que lors des échéances précédentes. Les graffitis et les affiches déchirées démontrent, sinon le rejet total de la chose politique, du moins le peu d’intérêt qu’accordent les citoyens à une élection dans laquelle ils ne se reconnaissent pas.
Que savent ces citoyens de celui qui se présente désormais – à demi-mot – comme la troisième «puissance politique» après le FLN et le RND ? Amar Ghoul n’a pas brillé durant les longues années qu’il a passées au gouvernement, battant le record de longévité au sein de l’Exécutif et sautant d’un ministère à un autre sans jamais réussir. Aux Travaux publics, l’autoroute Est-Ouest, inachevée à ce jour et truffée de malfaçons, a non seulement prouvé son incapacité à conduire un projet à terme mais, plus grave, son département a été éclaboussé par un grave scandale de corruption.
Le président de Taj n’a pas fait mieux à la tête du ministère des Transports. Les problèmes des compagnies aérienne et maritime se sont aggravés, et son passage à la tête de ce ministère a malheureusement été émaillé par le crash de l’avion de Swiftair affrété par Air Algérie. Amar Ghoul avait eu «l’honneur» de se rendre au Mali pour se prendre en photo, souriant (?) et tenant une des deux boîtes noires de l’avion qui s’était abîmé en plein désert.
Lors des législatives de 2012, alors ministre des Travaux publics, Amar Ghoul avait l’outrecuidance de se présenter en exposant une affiche sur laquelle il exhibait un chantier de l’autoroute Est-Ouest, laissant entendre que les Algériens devaient sans doute lui être reconnaissant de leur avoir réalisé «le projet du siècle» (sic) qui s’avérera par la suite un fiasco total. Au lieu d’être sanctionné de n’avoir pas été à la hauteur de la mission qui lui avait été confiée – en avait-il les compétences ? –, Amar Ghoul se verra donc confier d’autres secteurs où il brillera par son discours démagogique et ses annonces farfelues. Le chef de Taj n’avait-il pas promis d’amener «un milliard» de touristes lorsque lui, l’islamiste, présidait aux destinées de ce secteur aux antipodes de ses convictions idéologiques ?
Amar Ghoul veut-il dire que les jeux sont faits et que ce n’est même pas la peine d’aller voter ?
Karim Bouali
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