La guerre civile a commencé
Par Khider Cherif – Ce n’est pas parce que la presse n’en a pas parlé ces derniers jours qu’il ne se passe rien en Libye. Au contraire, les événements s’y accélèrent à une vitesse vertigineuse. Il se pourrait même qu’ils déterminent l’avenir du pays. Le dialogue interlibyen n’ayant, jusque-là, rien donné et, persuadé de toutes les manières que la solution à la crise ne peut être que militaire, Haftar a donné, voilà plusieurs jours, ordre à ses hommes d’attaquer les positions des milices alliées au Gouvernement d’union nationale (GNA). Actuellement, la bataille fait rage entre les unités de l’Armée nationale de libération (ANL) autoproclamée et l’un des bataillons de la milice de Misrata pour le contrôle de la base aérienne de Tamenhant se trouvant dans le Sud du pays.
Officiellement, l’ANL a dit avoir lancé cette campagne pour éradiquer les poches terroristes qui continuent à prendre en otage le Fezzan, une région connue aussi pour être le lieu de tous les trafics. Tout le monde aura cependant compris qu’en cherchant à reprendre cette base stratégique, Haftar veut surtout encercler Tripoli dans la perspective de faire tomber le Gouvernement d’union nationale qu’il accuse d’être noyauté par les islamistes et des opportunistes attirés par l’appât du gain. Au-delà des raisons invoquées par les uns et les autres, la Libye est donc techniquement en pleine guerre civile. Une guerre civile qui, au vu de l’équilibre des forces et en l’absence d’une sortie de crise réaliste, risque malheureusement de se prolonger dans le temps.
Paradoxalement, l’offensive menée par l’ANL dans le Fezzan a été accueillie favorablement par une grande partie de la population qui la considère comme une manière de crever l’abcès et de mettre du mouvement dans le statuquo ambiant. Déçus par la gouvernance du GNA dont tout le monde sait qu’il est otage de très nombreuses milices, beaucoup de Libyens, y compris ceux originaires de l’Ouest du pays, considèrent Haftar comme l’une des rares personnalités à être encore capable de remettre la Libye sur les rails. Cela ne plaît évidemment pas à de nombreux acteurs extérieurs à la Libye qui cherchent à tout prix à l’éjecter du jeu.
K. C.
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