Les Ben Laden devront verser 4,2 milliards de dollars aux victimes du 11 septembre
Deux banques et des sociétés saoudiennes liées à la famille d’Oussama Ben Laden ainsi que des associations de bienfaisance ont été poursuivies en justice par des sociétés d’assurances américaines pour des dommages d’au moins 4,2 milliards de dollars en liaison avec les attentats du 11 septembre 2001 qui ont frappé les tours jumelles du World Trade Center, à New York, et le Pentagone, à Washington, et qui avaient été revendiqués par le groupe terroriste Al-Qaïda. 15 des 19 pirates de l’air étaient saoudiens.
La condamnation des établissements saoudiens a été prononcée à l’issue d’un procès qui a eu lieu mercredi soir au tribunal de district des Etats-Unis, à Manhattan. Les établissements financiers saoudiens concernés sont accusés d’avoir participé à la préparation de ces attaques terroristes. Pour le tribunal américain, sans cette aide, Al-Qaïda n’aurait pas réussi à planifier, coordonner et exécuter son opération criminelle qui a coûté la vie à quelque 3 000 personnes. Le tribunal a donc décidé que c’est aux Saoudiens de payer les dédommagements aux victimes.
Cette information ne surprend pas. Elle montre que les représailles annoncées contre les Al-Saoud via leur protégée et très influente famille Ben Laden commencent. On sait que le Congrès américain a approuvé, il y a plus de six mois – malgré le veto du président Barack Obama, encore en poste –, la loi Jasta (Justice Against Sponsors of Terrorism Act) qui permet de porter plainte contre un Etat qui aurait soutenu des actes terroristes et a ainsi donné la possibilité aux familles des victimes des attentats du 11 septembre d’engager des poursuites judiciaires contre l’Arabie Saoudite pour réclamer des dommages. Le royaume wahhabite avait alors menacé de vendre quelque 750 milliards de dollars en bons du Trésor américain et autres biens détenus aux Etats-Unis, et de mettre en application tout un arsenal de mesures de rétorsion.
Le côté surprenant de l’information sur les sanctions contre les Al-Saoud et la famille Ben Laden, c’est qu’elle tombe dans un contexte «syrien» qui laisse croire que Trump a décidé de renier ses engagements antiterroristes, pourtant très nettement affichés lors de sa campagne électorale. Le 7 avril, en ordonnant de bombarder la base aérienne syrienne d’Al-Chaayrate, l’Administration Trump a prétendu avoir agi en représailles à l’attaque chimique présumée de Khan Cheikhoun, que Washington impute à l’armée syrienne, sans fournir de preuves.
Dans un entretien exclusif accordé à l’AFP, mercredi 12 avril, le président syrien Bachar Al-Assad a accusé les Etats-Unis d’être, par cette action, complices des terroristes. Le président syrien a affirmé que l’attaque chimique de Khan Cheikhoun, dans le nord-ouest du pays, avait été montée de toutes pièces pour servir de prétexte à des frappes américaines.
En fait, par sa politique extravagante au Moyen-Orient, Trump veut prouver au monde qu’il est autrement plus «féroce» que son prédécesseur. Sur cette voie qui le mène à l’aventure et l’éloigne de ses engagements électoraux, le président américain est allé, dans la foulée de l’attaque contre la base syrienne, jusqu’à prendre le risque d’une confrontation à travers la Corée du Nord, voire avec la Chine, ce qu’Obama avait soigneusement évité. Des observateurs avertis ont expliqué la frappe de Trump contre la Syrie comme un message pour Pékin, sur la Corée du Nord.
Houari Achouri
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