Le colonialisme n’est pas mort
Par Rabah Toubal – Le colonialisme n’est pas mort et enterré avec la vague de décolonisation des années 1960-1970. Il persiste dans les anciennes colonies, mais pas sous sa forme initiale brutale, d’occupation militaire de territoires et d’exploitation de leurs ressources humaines et naturelles. La mondialisation, cette nouvelle supercherie de l’Occident, et ses réseaux d’institutions internationales et régionales destinées à contrôler l’économie et la finance mondiales et la démocratie et ses valeurs libérales, qui profitent aux puissances occidentales dominantes, sont quelques-uns des instruments pour perpétuer la domination coloniale en Afrique, en Asie et en Amérique latine notamment.
Les méfaits multiples de ce néo-colonialisme pervers, qui n’est pas moins néfaste que le colonialisme, et sa mission «civilisatrice» barbare sont certes critiqués par les peuples des pays du tiers-monde, qui ont considérablement pâti de cet ordre injuste. Mais leurs revendications restent globalement ignorées en ce qui concerne le commerce international, toujours inéquitable, puisque les matières premières dont les uns sont quasi-exclusivement producteurs sont largement sous-évaluées par rapport aux produits finis des autres, aux plus-values mirobolantes.
Le nouvel ordre économique, préconisé par notre pays dans les années 1970, demeure une utopie irréalisable et a été remplacé, après l’effondrement du bloc soviétique et la chute du mur de Berlin, au début des années 1990, par le concept néo-colonialiste de nouvel ordre mondial, qui profite exclusivement aux pays occidentaux.
Pour de nombreux politologues, l’inégalité entre les pays du Nord et ceux du Sud a été aggravée par la «colonisation mentale et culturelle», qui a été très peu touchée par la décolonisation politique et constitue un frein sérieux à une véritable émancipation des peuples des pays anciennement colonisés.
En effet, c’est parce que le colonialisme n’a été battu en brèche que politiquement et diplomatiquement, que ses adeptes ont trouvé les ressources pour le ressusciter, à travers le néocolonialisme. Un néocolonialisme qui n’épargne ni les ressources humaines ni les richesses naturelles non renouvelables des pays où il règne, à travers des régimes corrompus, généralement à la solde des anciennes puissances coloniales, qui ont préservé l’essentiel de leurs intérêts aux dépens de ceux des anciennes colonies, plus vulnérables que jamais, sous le poids de dettes extérieures et des besoins de plus en plus accrus de leurs populations encore majoritairement illettrées et divisées.
La montée, en Europe et ailleurs, des partis d’extrême-droite xénophobes et favorables à un monde inégal inquiète les opinions publiques nationales et internationale.
R. T.
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