Le député proche de l’ex-FIS Hacène Aribi ministre dans le prochain gouvernement ?
C’est ce que laisse entendre un des dirigeants de l’Alliance de l’union, qui regroupe trois formations islamistes, et membre dirigeant du mouvement Ennahda, Youcef Khebaba, dans une déclaration au site de la chaîne qatarie Al-Jazeera diffusée ce vendredi. «Les partis de l’union, a-t-il déclaré, ont présenté un programme valable pour être un futur projet de gouvernement, parce que nous aspirons à intégrer le prochain gouvernement dans le cas où nous obtiendrions des résultats appréciables», a ajouté Khebaba.
Le dirigeant islamiste estime que le courant islamiste en Algérie a fait sa mue, en optant pour le regroupement, après une autoévaluation «sereine et réfléchie». Ce courant ambitionne, selon lui, d’incarner «l’islamisme modéré», mais bute sur un obstacle objectif majeur, qui est celui de la difficulté de convaincre les électeurs en raison, dit-il, d’un «climat politique perverti».
Tout autant optimiste que le remuant chef du MSP, Abderrazak Mokri, le dirigeant d’Ennahda est persuadé que l’Alliance de l’union, composée, en plus d’Ennahda, du FJD d’Abdallah Djaballah et du Mouvement de l’édification nationale (MEN), et du camp islamiste en général, décrocherait facilement la deuxième place «si les élections étaient honnêtes et transparentes».
Cet optimisme chez les islamistes est-il seulement une tactique de campagne pour mobiliser les électeurs ou une manière d’exercer d’ores et déjà une forme de chantage sur le pouvoir, en agitant le spectre d’une contestation programmée en cas de défaite au scrutin du 4 mai prochain ? Les appels du pied répétés en direction des résidus de la base du FIS dissous, comme les virées de Hacène Aribi chez ses anciens compagnons au quartier Léveilley, à Alger, ex-fief du FIS, participent clairement de cette volonté, symbolique, mais visible, de raviver les ressentiments vécus au lendemain de l’interruption du processus électoral en décembre 1991.
Or, même en l’absence d’un institut de sondage pour capter et suivre l’évolution des tendances électorales en Algérie, rien n’indique que les formations islamistes ont réellement le vent en poupe, comme tente de le faire croire ses différents porte-voix soutenus par une certaine prise acquise à l’idéologie islamiste ou par certaines personnalités politiques, à l’image de l’ex-chef du gouvernement Ahmed Benbitour, qui souhaitent l’entrée des islamistes au gouvernement, voire un partage de pouvoir à la marocaine. Les observateurs sont, au contraire, nombreux à constater un reflux constant de la mouvance islamiste depuis les deux dernières élections législatives, face à l’offensive irrésistible du FLN, dont l’actuel patron, Djamel Ould-Abbès, se dit certain que son parti ne se contentera que d’une majorité absolue.
R. Mahmoudi
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