Boudjerra Soltani : «Le MSP n’aurait jamais dû quitter le gouvernement»
L’ex-président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Boudjerra Soltani, estime que sa formation politique doit retourner au gouvernement et retrouver les «vertus» du pouvoir. Intervenant sur la chaîne El-Bilad, cet ancien ministre fait part de ses regrets, en considérant que le retrait du MSP du gouvernement en 2012 était une erreur, comme d’ailleurs son retrait de l’Alliance présidentielle. «Si cela ne tenait qu’à moi, je n’aurais pas fait sortir le parti du gouvernement, ni coupé les liens avec le FLN et le RND au sein de l’Alliance présidentielle, ni même quitté mon poste de ministre d’Etat», a affirmé l’ancien chef du MSP, qui piaffe d’impatience de voir son parti retourner au gouvernement.
Boudjerra Soltani reconnaît que le MSP avait fait une «mauvaise appréciation» de la situation du pays en 2012 et qu’il pensait pouvoir «fédérer» l’opposition en quittant le pouvoir qu’il partageait pendant plus d’une décennie avec le FLN et le RND. Il admet que rien n’a changé par rapport à 2012 pour justifier son appel à reprendre au sein du MSP la politique «entriste», très chère au défunt Mahfoud Nahnah. «Si rien n’a changé dans le pays, nous avons, nous, changé, parce qu’il y a eu beaucoup d’enfants du MSP et de l’école du défunt Mahfoud Nahnah qui ont voulu faire des démonstrations de force en croyant posséder une puissance populaire qui leur permettrait de bouleverser la vie politique en étant dans l’opposition. Ces gens-là, que ce soit dans le Front du changement, le Mouvement El-Binaâ et même au TAJ, ont vite été rattrapés par la dure réalité de l’opposition. Ils croyaient que le peuple allait les suivre. Finalement, ils se sont rendu compte que l’opposition effrayait plus le peuple qu’elle le rassurait», a affirmé M. Soltani, pour lequel il n’y a plus lieu de jouer le double jeu politique.
«Nous n’avons plus d’autre choix que d’être clairs dans nos positions. Soit nous acceptons le partage du pouvoir en retournant au gouvernement et en faisant dans le soutien critique. Soit nous optons définitivement pour l’opposition en dehors des cercles du pouvoir sans arriver un jour à faire bouger les choses», a-t-il souligné, considérant que l’opposition est d’une faiblesse telle qu’elle ne pourrait pas provoquer le changement voulu.
Boudjerra Soltani, qui adopte des positions critiques envers le chef actuel du MSP, veut ainsi faire revenir son parti au pouvoir. Ce que d’autres cadres de cette formation politique entriste n’excluent pas. D’ailleurs, même Abderrezak Mokri, qui s’inspire beaucoup des Frères musulmans qu’incarne actuellement le président turc Erdogan, n’écarte pas totalement un tel scénario. Pour lui, le retour au gouvernement dépendra du nombre de sièges que le MSP aura lors de ces élections législatives. Ainsi donc, après avoir tenté vainement de mobiliser la rue et de la faire monter contre l’Etat, le MSP, impuissant, revoit sa stratégie, en favorisant l’option d’un fort probable retour au gouvernement.
Hani Abdi
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