L’armée chinoise en état d’alerte : le monde à deux doigts d’une guerre nucléaire ?
La crise de la péninsule coréenne est visiblement plus grave qu’elle n’y paraît. Sinon, comment expliquer que les autorités chinoises aient donné l’ordre, la semaine dernière, à leur armée de se tenir prête à riposter à une éventuelle attaque nucléaire américaine. Le regain de tension dans la région s’explique, certes, par les développements que connaît le dossier du nucléaire nord-coréen. Et tout le monde sait qu’Américains et Chinois n’ont pas tout à fait la même approche concernant le règlement de la crise. Toutefois, les deux pays s’accordent globalement sur la nécessité de neutraliser l’arsenal nucléaire nord-coréen.
Les menaces de Kim Jong-un de rayer de la carte la Corée du Sud et ses alliés, les Etats-Unis y compris, et la promesse de Washington d’infliger une correction historique au jeune dictateur ne justifient donc pas à elles seules la décision du président Xi Jinping de faire sonner les tambours de la guerre. Pour que Pékin décide de mettre le doigt sur le bouton de mise à feu de son arsenal nucléaire, c’est qu’un événement plus grave s’est produit ou est sur le point de se produire.
La force de dissuasion nucléaire chinoise n’est pas la seule à avoir reçu le mandat de l’Etat. Des sites spécialisés dans les questions de défense indiquent que les forces aérospatiales chinoises, dont les très mystérieuses unités de lutte contre les objets en orbite, auraient également reçu un ordre similaire. L’on ajoute que la base de données des cibles visées par l’armée chinoise est en train d’être actualisée pour inclure plus de 1 355 nouveaux objectifs stratégiques dans le Pacifique et en Amérique du Nord. Pourquoi tout ce branle-bas de combat ? Des observateurs expliquent que, contrairement à ce que la presse américaine a pu rapporter, il semblerait que le tête-à-tête entre Donald Trump et Xi Jinping, au début du mois en Floride, se soit mal passé.
Le président chinois tout autant que ses concitoyens n’auraient pas du tout apprécié la salve d’attaques de Donald Trump contre la politique économique chinoise et ses accusations selon lesquelles son gouvernement «manipule sa monnaie pour favoriser ses exportations». Selon lui, ces pratiques déloyales expliquent le déficit bilatéral des Etats-Unis avec la Chine, son premier partenaire commercial : 347 milliards de dollars en 2016. «Nous ne pouvons plus avoir d’énormes déficits commerciaux et des pertes d’emplois», a martelé Trump une semaine avant le sommet, assurant sur Twitter que les entreprises américaines devaient «être prêtes à chercher des alternatives» à la Chine pour fabriquer leurs produits.
La méconnaissance du président américain des us de la diplomatie et son manque de tact ont été perçus par les Chinois comme une humiliation. Un affront aggravé par la propension de Washington à vouloir faire cavalier seul sur le dossier nord-coréen, qui, quoi qu’on dise, revêt un caractère géostratégique pour les Chinois. Et Pékin craint notamment que le président Trump fasse avec Pyongyang ce qu’il a fait avec la Syrie.
A propos justement de la Syrie, on a très peu apprécié à Pékin les propos insultants de Trump à l’égard du président Xi Jinping, notamment l’allusion au fameux dessert au chocolat qu’il a offert à son invité dans sa résidence de Floride. Et bien évidemment, toute cette agressivité a été perçue par le gouvernement chinois comme un signal que les Etats-Unis ne sont pas loin de déclencher une guerre en Asie du Sud-Est, une région qu’ils convoitent depuis déjà plusieurs années et où la Chine les gêne beaucoup. Le président Xi Jinping a certainement dû comprendre aussi que son homologue américain est ingérable, imprévisible et surtout dangereux.
Khider Cherif
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