L’informel, éternel ?
Par Kamel Moulfi – Ce qui est remarquable dans l’interview accordée par l’économiste Alexandre Kateb à Algeriepatriotique, c’est sa position singulière sur l’économie informelle. Ce qu’il dit va à contrecourant des idées dominantes qui considèrent l’informel comme la cause du retard pris par le secteur formel en Algérie. Lui appelle à ne pas stigmatiser l’économie informelle, alors qu’il sait pertinemment que ses acteurs ne se sentent pas concernés par les contraintes et obligations imposées par l’arsenal juridique qui réglemente et encadre l’économie en Algérie. Les compétences d’Alexandre Kateb sont suffisamment établies pour être convaincu qu’il ne lance pas de paroles en l’air sur ce qu’il considère comme un «problème fondamental».
Pour cet expert, si l’économie informelle a réussi à se développer comme un segment du secteur privé, c’est parce qu’elle a su échapper à «la pression fiscale et administrative trop lourde» exercée par le gouvernement sur l’investissement. Effectivement, on n’a jamais entendu un seul de ses acteurs se plaindre de la bureaucratie qui empêche les autres d’investir ou des charges diverses qui grèvent les profits de ceux qui jouent le jeu de la légalité.
Alexandre Kateb a sans doute vite compris que l’Etat tolère l’économie informelle qui, tout en étant illégale, n’a rien de souterraine ; elle se développe au grand jour dans des espaces parfaitement localisés et connus de tous, à l’exemple des marchés de change de devises. Elle est tolérée parce que, comme l’a souligné l’économiste, elle est une «soupape de sécurité économique et sociale». Prône-t-il le statu quo, en se contentant de proposer, comme tout le monde, d’inciter les acteurs de l’informel à rentrer dans les rangs, sans dire comment ? La campagne électorale des législatives est pleine de promesses sur le traitement du phénomène de l’économie parallèle et sur son intégration dans la sphère de l’économie formelle légale. Par quelle baguette magique ? Les candidats, eux aussi, ne le disent pas.
K. M.
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