Acte terroriste ou grand banditisme : les enseignements de la fusillade de Paris
L’alerte était à son maximum en France, lorsqu’une fusillade a éclaté sur la prestigieuse avenue des Champs-Elysées, ce jeudi soir, à Paris. Selon l’agence Reuters, un policier aurait été tué et un autre blessé. L’auteur des coups de feu aurait été abattu. Au moment où nous rédigeons ces lignes, ces informations ne sont pas encore confirmées et sont données au conditionnel. Des sources évoquent un vol à main armée qui aurait mal tourné, mais cela ne change rien au climat d’insécurité qui règne désormais en France.
Engagés dans une campagne pour une élection présidentielle inédite, trois des onze candidats à l’Elysée ont été contraints de s’assurer une protection rapprochée en raison de menaces terroristes dont ils seraient la cible. Il s’agit de François Fillon, Marine Le Pen et Emmanuel Macron. Par ailleurs, et en raison de ce rendez-vous politique majeur, les mesures de sécurité ont été renforcées au fur et à mesure que le jour de l’élection approchait.
Cette fusillade, qui intervient à quelques jours à peine du vote, va semer le doute sur la capacité des services de sécurité français à assurer des élections sans danger et à traquer les éléments armés dont les déplacements à l’intérieur du pays comme dans l’espace européen sont de plus en plus difficiles à repérer. La fusillade des Champs-Elysées montre également à quel point le trafic d’armes a pris de l’ampleur en Europe.
De nombreux politiciens et analystes, dont les voix sont souvent inaudibles, ont mis en garde contre la poursuite de la politique étrangère actuelle de la France, fondée sur l’ingérence et l’interventionnisme. Un des candidats à la présidentielle, Jean Lassalle, a même accusé son pays d’avoir «vendu des armes à foison» à l’Arabie Saoudite et au Qatar, deux pays qui, selon lui, «ont transféré une partie de ces armes» aux groupes islamistes armés qui activent en Syrie, en Irak et ailleurs.
Acte terroriste ou grand banditisme, la fusillade des Champs-Elysées n’augure rien de bon pour la suite de l’élection présidentielle. Elle présage même une montée en puissance de ces deux facteurs d’insécurité qui sont, au demeurant, intimement liés.
Quand les responsables politiques français comprendront-ils enfin que l’aide qu’ils consentent à leurs «alliés» en Syrie se retournera inexorablement contre la France elle-même, contre l’Europe et contre tous les pays du pourtour méditerranéen ?
Karim Bouali
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