Prémices de révolte en Arabie Saoudite : les «sujets» du roi se réveillent-ils enfin ?
Les choses commencent à se gâter pour la famille régnante des Al-Saoud. Un mouvement d’opposition se dénommant «Mouvement du 21 avril» avait appelé, hier, les Saoudiens à sortir dans les rues dénoncer la manière dont sont actuellement gérées les ressources de l’Arabie Saoudite. Même si la mobilisation n’a pas vraiment été au rendez-vous en raison de la chape de plomb qui s’abat sur les militants saoudiens des droits de l’Homme, cet appel, qui constitue une première, montre que le royaume wahhabite est assis sur une bombe sociale prête à exploser à n’importe quel moment.
Les opposants saoudiens qui accusent la monarchie de dilapider les richesses du pays ont invité la population à «rejeter les restrictions économiques» décidées récemment par le gouvernement et à «dénoncer énergiquement l’absence de libertés» dans le royaume et l’emprisonnement d’activistes prodémocratie et les violations massives des droits de l’Homme. A l’occasion, les leaders du mouvement ont exprimé leur opposition la plus ferme à la vente d’une part des actions de la compagnie pétrolière Aramco qui, disent-ils, est le bien de tous les Saoudiens.
Se disant convaincus que le pouvoir actuel ne peut s’amender et n’a pas les capacités de répondre aux attentes de la population, les leaders du Mouvement du 21 avril ont, par ailleurs, exigé l’instauration d’une monarchie constitutionnelle dans laquelle le pouvoir de décision reviendrait à un parlement démocratiquement élu. Lancé par des centaines de bloggeurs, le Mouvement du 21 avril, qui rappelle que son action est pacifique, promet, en outre, de forcer le prince Mohammed Ben Salmane à rembourser l’argent qu’il a puisé dans les caisses de l’Etat pour acquérir, l’an dernier, un yacht de luxe.
Ainsi qu’il fallait s’y attendre, les autorités saoudiennes ont lancé une vaste enquête policière pour arrêter les animateurs de ce Mouvement qui commence à faire trembler le royaume wahhabite. Comme d’habitude, Riyad accuse au premier chef l’Iran d’être derrière ce Mouvement et a menacé de jeter en prison tous ceux qui suivront les appels de ce Mouvement.
Pour de nombreux spécialistes, le Mouvement du 21 avril n’a pas beaucoup mobilisé non pas parce que les gens n’adhèrent pas à ses mots d’ordre mais parce que la population saoudienne n’a pas l’habitude des luttes politiques et que le pouvoir saoudien s’est juré de réprimer dans le sang toute velléité de contestation. Ils se montrent cependant persuadés que la contestation qui couve en Arabie Saoudite finira par s’exprimer au grand jour et obliger la monarchie à lâcher du lest. Dans le cas contraire, soutiennent-ils, le roi Salmane et sa cour risqueraient de se voir emportés par la colère de la rue comme ce fut le cas de Hosni Moubarak en Egypte en 2011.
Khider cherif
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