Bachar Al-Assad : «C’est Erdogan qui a fourni les armes chimiques à Daech»
Pour le président syrien Bachar Al-Assad, les armes chimiques en possession de Daech proviennent de Turquie. Dans une interview à Sputnik, il affirme disposer des preuves confirmant que des substances chimiques toxiques étaient transportées vers la Syrie depuis la Turquie. Selon lui, «le seul circuit de financement, de livraison d’armes, de n’importe quel ravitaillement en matériel, de recrues ainsi que de substances de ce type passe par la Turquie, ils ne font pas un long trajet depuis le nord». « C’est la Turquie, à 100%», a ajouté le chef de l’Etat syrien.
«Il existe des preuves à cet égard, certaines d’entre elles étaient disponibles sur internet depuis quelques années», a souligné le président syrien, qui confirme ainsi l’accusation lancée, au début de ce mois, par son ministre des Affaires étrangères, Walid Mouallem, qui déclarait, lui aussi, à l’ONU que des substances chimiques avaient été transportées à Alep-Est depuis le territoire turc. Le chef de la diplomatie syrienne a fait savoir que les groupes terroristes le Front Al-Nosra et Daech concentraient des substances chimiques dans les quartiers résidentiels en Syrie.
En décembre 2015, déjà, le député du Parti républicain du peuple de la Turquie (CHP), Eren Erdem, révélait dans une interview accordée à la chaîne RT que les djihadistes de Daech se sont fait livrer du gaz sarin en provenance de Turquie en 2013. «Des matériaux précurseurs pour la production d’armes chimiques étaient acheminés vers des camps de Daech en Syrie à travers le territoire turc. Nous disposons de preuves tangibles de ce trafic illégal», avait précisé M. Erdem, qui fut poursuivi pour haute trahison par le parquet d’Ankara. Il a également jugé probable que les mêmes matériaux aient été utilisés lors des attaques chimiques perpétrées en Syrie, dans la Ghouta, en août 2013.
La livraison à partir de la Turquie de ces armes destructrices aux groupes terroristes ne peut se faire à l’insu ni des dirigeants turcs ni de leurs alliés aux Etats-Unis, en France, au Royaume-Uni et en Arabie Saoudite. Bachar Al-Assad est convaincu que les groupes terroristes Daech et le Front Al-Nosra, ainsi que la Turquie, agissent en Syrie de concert avec ce groupe de pays. «Ils ont la même armée d’intermédiaires comprenant plusieurs groupes, principalement Al-Qaïda, le Front Al-Nosra et Daech», souligne-t-il. Il en a donné pour preuve le fait qu’en mars, les terroristes avaient attaqué la ville de Hama, au centre de la Syrie, au moment où l’armée gouvernementale progressait à l’est d’Alep et était sur le point d’atteindre Raqqa, le fief de Daech. Il explique que cette attaque terroriste était destinée à protéger Daech près de Hama, non loin de Palmyre libérée, ainsi que près de Raqqa, et a ralenti l’offensive syrienne.
En janvier 2016, l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) avait annoncé la destruction totale des arsenaux chimiques syriens. Comment expliquer la tentative de rendre Damas responsable de l’attaque chimique d’Idlib du 4 avril si ce n’est par la démarche des pays occidentaux visant à gêner l’offensive de l’armée syrienne et à aider les groupes terroristes contraints à la débandade. Bachar Al-Assad vient de réaffirmer que chaque fois que l’armée syrienne remportait des victoires, les pays occidentaux intervenaient dans l’intérêt des groupes terroristes. La preuve : «Les Etats-Unis ont tiré des missiles sur la base aérienne de Shayrat dans la foulée de la défaite infligée aux terroristes dans la province de Hama.» On peut s’interroger sur les raisons du blocage de toutes les propositions russes d’enquêter sur cet incident au sein de l’OIAC.
La déclaration d’Al-Assad renforce la situation d’isolement de la Turquie par rapport à ses alliés occidentaux, qui n’hésitent plus à faire savoir que tant qu’Erdogan sera au pouvoir, il n’y aura pas de perspectives communes avec ce pays. L’arrêt des négociations entre l’Union européenne et la Turquie ne fait plus aucun doute. Une vraie enquête sur l’attaque chimique d’Idlib enfoncera encore plus Erdogan.
Houari Achouri
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