Présidentielle française : l’intronisation d’Emmanuel Macron en marche !
C’est sans surprise que le candidat d’En Marche !, Emmanuel Macron, est arrivé premier au premier tour de l’élection présidentielle française, au terme d’une campagne électorale folle, où pourtant tout semblait ficelé à l’avance. Propulsé par les sondages, suite au scandale qui a éclaboussé le candidat qui était donné comme favori au début de ce scrutin, à savoir François Fillon, Emmanuel Macron était adoubé aussi bien par les médias dominants que par les personnalités les plus influentes du système politique et économique français. C’est bien la première fois en France que l’essentiel de la classe dirigeante opte pour un candidat qui ne soit issu d’aucun des deux partis du gouvernement (PS et Les Républicains) et qui était inconnu du grand public il y a deux ans.
Le deuxième enseignement à tirer de ce premier tour passionnant de l’élection présidentielle en France est la chute retentissante et somme toute prévisible (ou programmée ?) du Parti socialiste, au pouvoir depuis cinq ans et dont c’est la première fois depuis quarante ans que son représentant à la magistrature suprême soit éliminé dès le premier tour, et encore avec un score humiliant. Est-ce le début d’une nouvelle ère où la gauche du gouvernement sera appelée à se dissoudre dans les deux nouvelles entités qui lui sont idéologiquement proches : le nouveau parti de Macron (En Marche !) et le Front populaire de Jean-Luc Mélenchon, dont le score (18,9%) dénote la montée d’une gauche radicale face au déclin d’un PS incapable de se rénover.
La troisième leçon de cette élection est la victoire éclatante de la candidate d’extrême-droite, Marine Le Pen, qui démontre encore une fois l’ampleur de la colère populaire contre la classe politique traditionnelle en France et qui est dans le prolongement naturel du vote-sanction qui avait porté Donald Trump à la tête des Etats-Unis, poussé les Britanniques à voter la sortie de leur pays de l’Union européenne et qui annonce la montée des partis nationalistes dans plusieurs pays de l’Europe occidentale. Cette percée historique de la candidate du FN est à la fois un message cinglant exprimant le refus des politiques adoptées jusqu’ici, que ce soit en matière de mondialisation, d’Europe et d’immigration, et une menace contre le système politique traditionnel. D’où les appels de tous autres candidats, à l’exception de Mélenchon qui a refusé de se prononcer, pour un vote «massif» contre Marine Le Pen, immédiatement après l’annonce des résultats, afin, disent-ils, de faire barrage au «fascisme».
Ces appels rappellent l’alliance de tous les partis politiques et de la société civile en 2002 pour faire barrage à Jean-Marie Le Pen qui arrivait au deuxième tour, en votant pour Jacques Chirac et lui donner une victoire à la soviétique, avec plus de 80% des voix. Le même scénario se dessine. D’ailleurs, les derniers sondages, publiés au soir du premier tour de ce dimanche, donnaient Macron en tête au deuxième tour avec un score de 62%. Ce sera le dernier acte d’une intronisation attendue depuis le début
R. Mahmoudi
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