Les pays du Golfe censurent les médias étrangers : que cachent les monarques ?
Contrairement à l’image de monarchies progressistes qu’ils essayent de vendre en Occident à coups de millions de dollars, les micro-Etats du Golfe réunis au sein du CCG sont tout autant que l’Arabie Saoudite des ennemis patentés des droits de l’Homme et de la liberté de la presse. Les responsables de ces «pays» recourent régulièrement à la censure de journaux locaux et internationaux pour empêcher la publication d’informations qui leur sont bien évidemment défavorables.
C’est l’amère expérience que vient de faire le site d’information Le Huffington Post aux Emirats arabes unis, dont la version arabe est très suivie dans les pays du Golfe. Les internautes émiratis ont été surpris cette semaine de ne plus pouvoir accéder à ce site, comme cela vient de se produire il y a peu de temps pour les lecteurs saoudiens de la publication électronique. Au lieu d’accéder au «Huff Post», les Saoudiens se voient afficher depuis quelques jours un message les informant que leur site préféré a été suspendu pour avoir violé la loi saoudienne sur l’information.
Officiellement, aucune explication n’est venue motiver cette censure aux Emirats. Cependant, certaines sources se montrent convaincues que les autorités émiraties ont rayé Le Huffington Post de leur carte médiatique nationale en raison de la proximité qui existerait entre certains journalistes du site avec la confrérie des Frères musulmans à laquelle Khalifa ben Zayed Al-Nahyane a déclaré la guerre. De leur côté, les gestionnaires du site basé à Istanbul, en Turquie, disent ne pas connaître les arrière-plans de la décision saoudienne. Le directeur du média en ligne n’est autre que Wadah Khanfar qui a eu à travailler à Al-Jazeera et qui est connu pour être un proche de l’émir du Qatar. Cette guerre médiatique peut éventuellement être un nouvel épisode de la lutte qui oppose dans le Golfe l’islam des Frères musulmans et le wahhabisme.
Vrai ou faux, personne n’est actuellement en mesure de le dire. Ce qui est en revanche certain, c’est que sous cette monarchie aux apparences de pays tolérant, moderne et ouvert aux idées de progrès, se cache un pays conservateur dont les responsables sont prêts à couper la tête à tous ceux qui ne rentrent pas dans le moule wahhabite. Comme en Arabie Saoudite, il n’y a pas de place aux Emirats arabes unis pour les défenseurs des droits de l’Homme. Nasser bin Ghaith, un éminent universitaire, a été condamné en mars dernier à 10 ans de prison pour des tweets dans lesquels il avait exprimé ses opinions.
Avant d’être condamné, Il avait été soumis à une disparition forcée, détenu au secret pendant des mois, roué de coups à plusieurs reprises et privé de sommeil. Cet homme est une victime de plus de la répression exercée contre les opposants aux Emirats arabes unis, qui a également donné lieu à l’arrestation d’un autre défenseur des droits humains de premier plan, Ahmed Mansoor. Il est à signaler aussi qu’aux Emirats arabes unis, tout recours à un réseau privé virtuel (VPN) – qui permet à l’utilisateur de naviguer de manière plus anonyme, contrairement aux connexions «classiques» sur un réseau commun – est désormais passible d’une peine de prison et d’une amende conséquente. Voilà l’un des vrais visages de ce pays.
Khider Cherif
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